Physique

Pour la citer, elle est "d'une taille raisonnable", assez pour être prise au sérieux, mais pas assez pour être facilement remarquable dans une foule. Elle est plutôt mince, très mince même, d’une silhouette qui signalait une vie d’humaine peu en santé, d’une faible constitution. La stature droite, le regard confiant mais distant, c'est une jeune femme pour qui l'esthétisme est essentiel, ce qui est facilement visible avec sa manière habituelle de s'habiller: hors de question de porter des choses laides et sans intérêt. C'est tout ou rien. C'est extravagant, mais sans pour autant être totalement incomfortable, ça va de soi. Pourquoi faudrait-il souffrir pour être belle? Ridicule.

Disons seulement que c'est *cette* personne qui vous fera douter à chaque événement de s'il fallait s'habiller chic ou si vous avez bien fait de laisser votre plus beau veston à la maison. Rassurez-vous, c'est sûrement Esther qui en fait trop. Ou pas. Qui sait.

Sa démarche est gracieuse, légère, discrète. Elle sait ne pas trop attirer l’attention sur elle. Sa voix est même, elle n’a pas besoin de lever le ton pour se faire entendre. Elle ne bouge pas énormément non plus lorsqu’elle parle, restant droite en toute circonstance, calme et sereine. Il est difficile, cependant, de jauger si ce calme doit être rassurant ou pas.

Ses cheveux sont d’ébène, ses yeux sont gris.

Psychée

Esther est loin d'être une sainte. Elle n'est ni une héroïne, ni sauveuse de l'humanité. Elle ne changera pas la face du monde, elle est bien trop humble, trop discrète pour crier aux injustices de ce monde; de toute manière, elle n'en ferait que perdre la voix. Certaines choses sont belles, d'autres regrettables, d'autres cruelles-- l'espoir de tout changer est une belle chose, mais une folie certaine. Esther, c'est une observatrice avant tout, une sage, dira-t-on, une force extérieure qui ne sera jamais sous le feu des projecteurs. Du moins, qui essaiera le plus possible de s'en éloigner. Une ombre parmi tant d'autres, qui se cache au loin, suivant la foule du regard.

Sans pour autant aller la rejoindre, évidemment.

Esther n'est pas une sainte, mais n'en est pas pour autant une mauvaise personne... du moins, elle apprécie le penser. Elle considère ses esclaves comme ses employés plutôt que comme ses objets. Le travail est important pour tous, l'ennui étant véritable fardeau, c'est pourquoi certains humains travaillent sous sa protection-- et elle trouve que ce sort est beaucoup plus agréable que celui de tant d'autres humains. Elle ne pouvait pas se permettre de refuser de prendre des esclaves à ses côtés. Néanmoins, elle n'est point intéressée par la maltraitance et luxure à outrance; elle respecte ceux qui travaillent fort. Ils ont droit à du repos, des loisirs, de bons repas et des sorties pour rendre visite à la famille ou des amis, etc. Elle s'assure, de cette manière, non seulement de leur bien-être, mais de leur loyauté. Ceux qui n'en font pas assez ne seront pas frappés, mais punis, ça va de soi.

Il ne faut quand même pas qu'ils soient lâches. Il faut qu'ils deviennent forts.

Elle n'est pas forcément hyper amicale pour autant, du moins, il est difficile de remarquer sa douceur, parfois bien cachée. Ses bonnes intentions malgré ses airs de froideur. Elle est sévère, Esther, sévère comme une maman pourrait l'être... sans l'amour apparent d'une mère, sans le lien émotionnel visible fort qui la rattache à eux. Elle n'est pas l'amie de ses employés, mais est au moins une alliée qui les protègera de ceux qui pourraient potentiellement les blesser. Elle les traite avec respect, mais garde tout de même une certaine distance avec eux, comme avec presque tout le monde, sauf ceux qui prennent vraiment le temps de l’approcher, sans être repoussés par ses apparences peu amicales. C'est une personne assez fermée, au final, droite, sérieuse, bref, elle est assez chiante, à la limite de l’ennui. Au fond, elle a seulement beaucoup de mal à montrer ses émotions, à les partager avec les autres. Le côté social d'Esther n'a jamais été son point fort, facilement embarrassée lorsque les choses deviennent trop personnelles. La vulnérabilité est une chose qui effraie.

Et ça l'effraie beaucoup, Esther.

C'est une femme fermée, mais qui possède beaucoup de passions qui réveillent la flamme dans ses yeux-- elle s'habille pour elle-même, pas pour les autres. Niveau garde-robe, elle y va à fond. Les couleurs? Les tons? Les accessoires? Chaque chose doit être parfaite! Tout comme sa maison. La décoration est de la plus haute importance, et elle ne pourrait se permettre de ne pas tout décorer des pieds au plafond. Son amour pour tout ce qui est beau se marie parfaitement bien avec son côté très créatif, touche-à-tout. C'est plus long à nettoyer, mais au moins, c'est beau.

Elle crée des tas de choses, et aime apprendre de nouvelles façon de créer.

Que ce soit des statues, des buissons, des tapis, des vases-- chaque matériau est un jouet potentiel pour Esther, avec lequel elle s'amusera à fond pour que le résultat soit au-delà de ses attentes. Elle fait un peu de tout, rien de très utile cependant, ça reste de la décoration, mais elle ne se spécialise en rien de particulier, n’est parfaite en rien du tout. Elle apprend, joue, mais loin d’elle l’envie de tout perfectionner. Ce serait bien trop ennuyeux. Si elle n'est pas encore capable d'accomplir certains projets, elle ira simplement apprendre comment faire, et ce, même si elle fait face à certaines difficultés. Elle n’abandonne jamais. Elle a toute l'éternité pour apprendre, de toute façon. Pourquoi perdre du temps à se contenter des mêmes choses? Il en faut plus! Plus de potentiel! Plus de couleurs! Plus de détails! Elle voit le potentiel en tout le monde, comme dans chacun de ses projets. Ça lui tient à coeur.

Bref, c'est une artiste, passionnée par son travail. C'est une véritable enfant lorsqu'elle est concentrée sur ce qu'elle fait, rien ne peut l'en échapper, et qui voudrait, de toute manière? L'on dira qu'elle est adorable avec ses étoiles dans les yeux et ses idées étalées partout sur son bureau de travail. Mais ne lui dites pas, elle serait embarrassée. Et sûrement vexée par la même occasion.

Elle est une personne confiante, mais pas quand la situation lui donne l'impression d'être vulnérable.

Esther n'est pas forcément timide, elle est capable de parler lorsqu'il est nécessaire de le faire, mais ce n'est point une femme bavarde qui ferait la conversation à n'importe quel passant. Trop sérieuse pour cela, peut-être. Trop solitaire, aussi? Sûrement. Elle ne déteste pas les gens, au contraire, la psychologie est un domaine qui l'intéresse beaucoup... bien qu'il serait avantageux de commencer à se comprendre soi-même avant d'aller s'intéresser au psychique des autres.

Mais ça, elle n'osera jamais l'avouer.

Pouvoir

Invocation:
Comme les autres dans le clan, Esther est liée à une créature et peut donc, ainsi, l’invoquer. Son invocation est un peryton nommé Syl. Ayant plusieurs teintes de brun dans son pelage et les bouts d’ailes bleues, il possède des sabots en avant et des pattes d’oiseau à l’arrière. Autant dire qu'il est une imposante créature.

Grand comme un cheval de trait (sans compter ses bois, qui ne sont pas petits eux non plus), fier et hautain, Syl vole aussi vite qu’il court. Capricieux comme un roi, il n’apprécie qu’Esther et aime bien le montrer, en se tenant presque toujours à ses côtés lorsqu’il le peut, c’est à dire, lorsqu’il est capable de la suivre là où elle va. L’on dirait presque qu’il aime narguer autrui, se déclarant lui-même le roi suprême, avec Esther comme éternel compagnon. Et pas vous. Sans rancune, hein? Peu importe. Syl n’en a rien à faire de vous.

Il n’est point agressif, et sera même tranquille si vous le traitez bien (c'est un roi, il apprécie qu'on le traite comme tel), mais retenez une seule chose: Syl ne vous aime pas, il aime Esther. Protecteur? Jaloux? Possessif? Absolument, et il ne s’en cache pas.

Si vous êtes tout particulièrement hauts dans l’estime d’Esther, il acceptera peut-être votre compagnie. Un roi a besoin de sujets, après tout. S’il vous trouve digne, alors il vous laissera peut-être monter sur son dos, qui peut accueillir jusqu'à deux personnes. Il n'acceptera personne si Esther n'y est pas, cependant.

Histoire

Tu as toujours été malade, Esther. Faible constitution, qu'ils disaient. Un corps qui n'y arriverait pas bien longtemps, qu'ils disaient. La peau pâle, le souffle court, et bien d’autres choses très agréables meublaient ton quotidien autant qu’un maître et autres choses d’esclaves. Bien drôle de blague de naître ainsi pour une esclave, te disais-tu, dans un monde où la faiblesse n'a point sa place parmi les vivants. Tu alternais entre ton lit et de petites tâches simples, la vie qui s'échappait de tes mains dès qu'elle le pouvait. Au final, Esther, tu auras toujours réussi à la rattraper, l'empêcher de s'échapper de ton faible corps. Ton temps était limité, mais il ne serait pas gaspillé. Tu as toujours eu cette fierté, dans un sens.

Tu as toujours travaillé fort, Esther. Que ce soit pour ne pas décevoir, ou pour survivre. Autant faire le plus possible tant que ton coeur bat, qui sait lorsqu'il s'arrêtera.

Tes faibles battements de coeur grandissaient malgré ce qui t'écrasait les épaules-- tu gardais la tête haute. Un faible bout de fillette qui parvint tout de même à devenir femme, à ton plus grand étonnement. À vrai dire, il ne serait pas faux de dire qu'ils étaient très peu à croire que tu vivrais longtemps, ton maître y compris. Une femme Newind, forte et fière, qui t'avais achetée malgré tes nombreux problèmes de santé déjà bien présents dans l'enfance. Tu ne saurais dire pourquoi, ni même ses intentions, mais elle ne fut jamais trop brusque avec toi.

Dans un sens, tu te doutais qu'elle ne t'achetait pas pour le long terme.

Elle était sévère, mais point cruelle. Elle n'était pas pour autant très attachée à toi, ni même avec les autres. Surtout avec toi, à vrai dire. Sûrement qu'elle se doutait que tu ne vivrais pas aussi longtemps que les autres, et que la moindre agressivité de sa part aurait peut-être le potentiel de te tuer (peut-être est-ce une exagération de sa part, te dis-tu, mais tu apprécies de ne pas savoir). Cette distance ne te dérangeait pas plus que ça, tant qu'elle te donnait des choses à faire pour t'occuper. Tu ne sortais presque pas, après tout, donc l'ennui te rongeait sûrement autant que ton propre corps. Tu t'occupais avec ce que tu pouvais, par chance, tu as toujours eu du talent pour créer des objets.

C'est en observant les autres que tu appris comment créer des choses, car dans ton cas, observer était bien la seule chose intéressante que tu pouvais faire. C'est ce que ta maîtresse exigeait de toi la majorité du temps, créer, voyant que tu étais douée et que c’était bien la seule chose qu’elle pouvait te faire faire sans “potentiellement te jeter vers une mort certaine.”

Ta chambre se trouvait par chance dans un atelier, où tu passerais le reste de ta vie d'humaine, à observer le monde par la fenêtre et l'ouverture de la porte. Tu ne sortais que très peu, lorsque tu te sentais mieux, pour aller te procurer des matériaux pour des projets de création que ta maîtresse exigeait. Des sculptures en animaux, des réparations vite fait d'objets temporaires le temps de s'en procurer d'autres, rien de trop forçant, mais tout de même assez divertissant pour que tu t'occupes. Dans un sens, la création est sans doute la chose qui t'aura sauvé la vie. Ton avenir était incertain, mais tu savais que tu mourrais entre le bois et le tissu.

Puis, le monde bascula. Pour ta maîtresse, pas pour toi. L'héritier des Newinds? Mort. Un nouvel héritier fut annoncé pour gérer le clan, Arwan de Tarak.

Elle était choquée, évidemment, bien que tu n'étais pas celle à qui elle allait se confier, ni même à personne d'ailleurs, les nouvelles vont vite parmi les esclaves. Loin d'elle l'idée de se laisser abattre par les circonstances, elle prit contact dès qu'elle put avec le nouvel héritier. Le deuil ne l'empêcherait pas de faire de bonnes impressions avec le nouvel héritier qui tenait entre ses mains l'avenir de son clan, autant le cerner le plus vite possible... et entrer ainsi dans ses bonnes grâces.

Arwan fut invité chez la vampire, qui l'invita alors dans l'atelier où l'art se crée. C'est à ce moment là que tu rencontras Arwan, la personne qui changerait ta vie.

La vampire fut brève: « Esther est la plus talentueuse artisane parmi mes esclaves. Demandez-lui si vous le souhaitez, et elle vous fera ce que vous lui demandez; considérez cela comme un cadeau d'accueil de ma part. »

Arawn discuta beaucoup avec toi. De ce qu'il voulait, de toi, visiblement le nouvel héritier était quelqu'un de curieux, et d'une agréable compagnie. Tu n'avais point l'habitude d'autant d'attention, mais tu l'acceptais avec joie. Un peu de compagnie était apprécié. Il revenait souvent te voir dans les jours suivant. Toujours avec plus de choses à te dire, de sujets de discussion à partager avec toi, d'intérêt à ton égard. Il pouvait également voir, de cette manière, que le projet avançait bien... mais toi, au fond, tu savais que tes jours étaient comptés. Peut-être le sentait-il aussi, mais...

... Ton état s'aggravait. Ta peau pâlissait. Tes mouvements ralentissaient. Les jours avançaient, ton projet aussi, mais tu sentais que tes bons jours partaient. Plus brusquement cette fois-ci. Lors des derniers jours, tu étais clouée au lit, incapable de compléter le projet pour Arawn, de te lever, ou d'accomplir quoique ce soit. Il ne restait pas grand chose, de la finition, rien de plus. Mais tu n'y arrivais pas. Ton corps refusais. Cette fois-ci, tu sentais réellement que la faucheuse allait venir te chercher... à 28 ans, tu te sentais cependant chanceuse, tu ne croyais pas vivre aussi longtemps. Tu étais cependant bien déçue de ne pas pouvoir finir ce qu'Arwan demandait... il serait déçu. Ta maîtresse aussi.

Toi, au moins, tu ne serais pas déçue longtemps. Tu sentais ta vie défiler entre tes doigts. Ton temps limité coulait vers sa fin. Ta vision s'embrouillait, tu n'entendais que des voix par-ci par-là, trop floues pour que tu retiennes quoique ce soit. L'on t'a transportée. Tu as senti de la peau contre ton cou. As-tu bu quelque chose? Tu ne saurais dire. Ta conscience fut alors transportée loin...

... Pour ensuite te réveiller, plus tard. Tu allais mieux. Étrangement mieux. Mieux que jamais. Forte, plus forte, et en santé. Tu ne compris qu'en voyant Arwan en face de toi ce qui s'était produit lors de tes derniers instants. Il n'eut même pas à prononcer le moindre mot, pour que tu saches. Que tu saches qu'en face de toi, il y avait...

... Ton nouveau père, faisant de toi la deuxième enfant d'Arwan, sa première fille.