Physique

Ni trop grand ni trop petit du haut de ton mètre soixante-dix-huit, tu n’es pas imposant mais tu ne laisses pas ta place non plus. Sans avoir la musculature d’un esclave entraîné pour le combat, le travail ardu dans les jardins a forgé ton corps dont les muscles sont presque saillants, gage de ta bonne santé. Ta voix porte, prompte à ordonner lorsque tu as des procédures médicales à exécuter. Elle est celle d’un bariton, caressante, parfois musicale lorsque tu chantonnes.

Très humble dans ta manière de t’habiller, tu fais avec ce que ton maître t’offre et les plaintes échappent rarement tes lèvres minces mais attirantes. Tu es beau, Janvier, parfait produit de la reproduction sélective. Ta tignasse est un désordre constant pourtant bien entretenu d’un blond légèrement fade, soyeuse et douce. Tu as beau essayer de l’arranger, tes mèches suivent des épis dans tous les sens. C’est probablement pour empêcher un pire désordre que tu gardes ta chevelure mi-longue.

Tu as de grands yeux gris qui reflètent tes émotions qui tournent souvent autour du calme. Ton visage est expressif, laisse des sourires rassurant à tes patients. Ta démarche est soignée mais réservée, comme celle d’un homme de prière, un homme de Serena. Tu t’exprimes souvent avec des gestes et tes éclats de rires sont chauds et doux.  Tu as une belle dentition et il y a quelque chose de soigné chez toi. Se dégage de ta peau un parfum boisé que tu entretiens, accro à la propreté. Tu es, dans ta réserve, d'une élégance qu'on trouve plus souvent chez les vampires, une élégance qui n'est pas vestimentaire, mais qui se voit dans la droiture de ta posture et dans la grâce de tes gestes.

Psychée

Tu es quelqu’un de bon et de doux. Tu aimes profondément ton prochain, ce qui fait de toi quelqu’un d’exceptionnel dans ton domaine. Ta vive intelligence faire résonner l’éducation sévère mais nécessaire à ce que tu es désormais devenu. Herboriste, apothicaire, tu passes ton temps à aider les esclaves souffrant du moindre mal. Les plaies et le sang ne te donnent rien à craindre, parce que Serena te guide sur le chemin qui fait de toi une meilleure personne, une personne presque nécessaire. Tu aimes être utile, c’est plus fort que toi. Sans être désobéissant, tu argumentes facilement lorsque tu sais avoir raison. Tu aimes argumenter, pouvoir avoir tort, réaliser tes erreurs, t’améliorer. Ton maître t’a fais vivre dans une telle équité que tu as du mal à imaginer un monde sans ces libertés qui te font du bien.

Tu es pétillant, de vie, de curiosité, de bonne humeur, mais cela ne t’empêche pas d’être relativement introverti et d’être très terre à terre. Lorsque tu vois un esclave tellement abîmé qu’il n’a aucune chance de survivre, tu lui souffles à l’oreille la possibilité d’abréger ses souffrances et s’il accepte ta douce implication, tu mets fin à ses jours sans le moindre remord. Quand bien-même tu prieras pour elle ou lui.  Tu sais faire une bonne chose. Alors pourquoi t’en vouloir?

Tu prends soins de tes mains usées, elles sont ton outil de travail principal et sans elles, tu n’hésiterais pas à mettre fin à tes jours par souci d’utilité.

Éponge à connaissance, tu veux toujours enrichir, modifier, améliorer et lorsque tu as une idée dans la tête, elle n’est pas ailleurs. Motivé, travaillant, pieux, ta quête d’érudition n’a pas de fin, et tu sens qu’un jour, tu risques de finir chez les Shils autrement qu’en simple humain. Tu n’as jamais réellement porté d’attention à l’immortalité, puisque tu es encore assez jeune et que tu es dans la fleur de l’âge. Et qu’en fait, ça ne t’intéresse pas plus que ça puisque tu n’aurais plus la capacité d’aider les malades comme tu l’as maintenant. Tu es dévoué à la santé des autres. Comme tu étais dévoué à la santé de ta mère quand tu étais petit et ignorant des fausses couches causées par le stress de la reproduction.

Le sexe pour toi est quelque chose que tu dois faire de temps en temps pour satisfaire les vampires dans le contexte de la reproduction. Tes fantasmes se trouvent dans tes lectures non-médicales. Bien malgré toi, tu rêves d’un chevalier dévoué, quoi que tu ne t’imagines clairement pas princesse d’un royaume quelconque. Ah, ces archives à l’eau de rose. T’es romantique, un peu stupide sur les bords, idéaliste parfois, mais pas méchant. Quand tu veux quelque chose, tu ne le perds pas de vue.

Tu as appris la séduction, pas dans le sens que certains peuvent imaginer. Tu sais rendre ta voix chaude et attirante, tu sais charmer sans vergogne pour obtenir ce que tu veux. Manipulateur quand tes patients doivent gober des médicaments que tu n’as plus envie de leur enfoncer de force dans la gorge. Tu as un don, que ton maître t’a dit, un charisme inhérent qui sera peut-être un jour ta perte.

Tu aimes. Trop de choses. La vie te sourit gratuitement et tu t’en rends compte. Tu réalises être chanceux, même si ton frère, ta sœur et ta mère hantent parfois tes pensées.

Histoire

Humide et froid décrivent bien l’hiver qui t’a vu naître.

Dans la cabane de bois, celle qui s’improvisait sage-femme t’extrayait des entrailles de ta mère qui crevait de froid malgré le feu et l’eau chaude teintée de sang dans laquelle elle marinait. Père absent? Qu’aurait-t-il pu faire de toute manière pour accompagner une femme qu’il ne connaissait qu’à peine pour la naissance de leur enfant tant attendu. Attendu, pas par les parents, mais par d’autres. Lui et ta mère avaient été mis ensemble parce qu’ils étaient beaux et que l’on voulait simplement avoir des copies d’eux. Premier résultat de leur accouplement, tu as été une réussite, purement et simplement une réussite.

Le contremaître te nomma Janvier, comme le mois de ta naissance. Un nom à changer plus tard, peut-être ou pas. Il s’en souciait peu. Son réel souci c’était de te voir grandir en santé sans trouble psychologique liés à la séparation. Tu n’étais pas le premier enfant qu’il préparait à la vente, ni le dernier, c’est pourquoi ton enfance fut choyée de la présence de ta mère et celle plus paternelle du contremaître, un bonheur que tu croyais acquis.  Tu n’étais pourtant ni le premier ni le dernier enfant de ton genre. Ton frère et ta sœur virent le jour après la visite de ton géniteur. Tu devais avoir trois ans quand tout émerveillé, tu pus les prendre dans tes bras, les serrer contre ton petit corps menu, en admiration.

Tu leur étais plus attaché que ta mère l’était à eux, même si l’instinct maternelle n’épargnait pas la belle Sylfia.

Tu as appris que ta mère s’appelait Sylfia assez tard, à l’âge où on réalise que notre mère ne s’appelle pas « maman » ou « mère ».

Tu avais à peine l’âge de comprendre quand le contremaître vous donna à sa progéniture. Ta figure paternelle s’effaçant sous ton regard troublé. Ta mère, avant seulement visitée par un esclave nommé Adams, votre géniteur à tous les trois, quoi que tu ne le comprisses pas encore, s’est mise à rencontrer beaucoup d’autre hommes, il n’y avait que rarement des nuits où elle n’était pas occupée avec eux. Épuisée, elle avait beaucoup de bébés qui n’arrivaient jamais. Des petits frères et des petites sœurs qui ne lâchaient jamais leurs premiers cris. T’avais de la chance de ne pas comprendre.

Tu avais sept ans quand tu as été séparé d’eux. Votre unité à tous les quatre s’est rompue. Tu as été vendu à un prêtre de Serena, Shil de surcroît. Inculte et sans connaissances aucunes, tu as été l’objet de sa curiosité et pour remplir les craques de ton esprit brisé par la séparation, il t’a fait apprendre, parce qu’il en avait envie et que comme tu étais beau comme un ange, il voulait faire de toi un objet de convoitise. Il n’a pourtant réussi qu’à faire de toi l’objet de sa propre convoitise. Petit garçon attachant et vite attaché à ce vampire, tu en es devenu presque le fils. Désireux de t’élever au-dessus des autres mais peu avare de favoris, le prêtre, voyant que tu étais une éponge de connaissance, s’est fait un plaisir de tout t’apprendre, en particulier des sciences de la médecine qu’il devait souvent utiliser pour le bien des esclaves en général. T’élevant comme il l’aurait fait son apprenti, c’est dans la croyance de Serena qu’il t’a fait apprendre bonté et sagesse.

Tu avais quinze années que tu l’assistais déjà à titre d’herboriste dans ses jardins, puis quelques années plus tard, tu apprenais les mélanges qui pouvait abréger ou sauver des vies. Il te donnait toute la liberté dont tu avais besoin. Ton maître, utilitariste malgré tout, t’as appris que la vraie bonté, voulait parfois dire tuer. Donc serrant les doigts des vieux esclaves épuisés par la maladie qui te demandaient de mettre fin à leur calvaire, tu exécutais leur prière en douceur et sans souffrance. La volonté de Serena est bonne, et tu marches un chemin éclairé par sa volonté.


Aujourd’hui, à vingt-trois ans, tu ne comptes plus le nombres de vies que tu as pu sauver dans l’asile de cette petite église qui est en fait un hôpital de fortune. Ton seigneur et maître, prêtre de ta religion, est fier de toi, de ton intelligence et de ton don pour les sciences médicales. S’il te prêtait parfois à d’autres vampires pour que d’autres enfants dans ton genre puissent voir le jour, tu as pu vite découvrir ta préférence pour les hommes au travers de l’acte de reproduction que tu as dû exécuter parfois.

Tu es père de quelques enfants, probablement, à moins que tu ne sois stérile.