Physique

Je suis grand sans trop l’être, faisant dans le mètre quatre-vingt-neuf. Mon ancienne et lointaine vie de marin m’a offert une certaine charpente. Large d’épaule, un minima carré et une musculature dessinée sans trop l’être non plus. Je ne suis ni trop ni pas assez.  

Ma tignasse noire entoure un visage fermé. Ma chevelure est plutôt longue, elle m’arrive jusqu’aux épaules. J’ai les traits du visage fins, pour autant on ne peut pas les dire doux. La pâleur de ma peau et le noir jais de mes cheveux fait ressortir mes prunelles dorées. C’est ce qui est le plus flagrant chez moi. Malgré mon allure passe partout, lorsque je vous regarde, vous le sentez, j’aime capture de mes yeux dorés votre silhouette dans la foule, vous forcez à vous arrêter alors que je vous regarde, vous donnant l’impression que je ne regarde que vous.

J’ai tendance à être habillé souvent dans une tenue décontractée ou propre aux circonstances. Je mets souvent l’accent sur des tenus sombres qui fait ressortir mes yeux. Je n’aime pas l’extravagance à ce niveau-là.

Psychée

Je suis ce que vous voulez que je sois. J’aime jouer sur les choses et les apparences. Vous me verrez souvent sourire sans que cela monte jusqu’à mes prunelles. J’aime produire ce frisson incontrôlable qui vous remonte l’échine. Je suis calculateur, méthodique comme impulsif et avide. Une corde raide est tendue dans mon esprit et je danse sans cesse dessus.

J’aurais tendance à vous dire que j’aime la surprise. Néanmoins je suis avide de contrôle. Qu’on soit clair, je ne me suis jamais dit simple à comprendre. Définissez-moi comme vous voulez. Je suis un prisme à multiples facettes qui rayonnent sous vos yeux. Je suis paradoxal et entier. Je vibre d’une multitude tout en étant dans la simplicité. Vous aurez tendance à me fasciner tout autant qu’à me dégouter. A la fois autoritaire et incontestable, je peux être malléable et transigeant. C’est une danse que nous avons ensemble. Au creux de ce moment vous dansez et ni vous, ni moi ne savons comment nous allons tourner. Nous dansons juste l’espace d’un moment.
Je peux être l’océan dans lequel vous allez vous noyez. Et la pierre sur laquelle vous allez vous reposer.

J’ambitionne seulement ce qui me fait envie. Et j’aime donner corps et esprit à mes envies. Je vibre d’une faim inextinguible. D’un besoin fou. Je pourrais allumer ce brin de folie qui sommeille en vous afin d'entretenir ma propre folie. Je pourrais vous faire me désirer rien que pour vous prendre tout ce que vous avez. Je pourrais vous faire crier un râle de plaisir ou bien prendre plaisir à vous entendre crier de douleur.
Cela dit, tout cela était vrai avant que je perde la mémoire. A mon réveil peut être ne serais-je qu’un reflet de ce prisme, peut être serais-je différent. Moi-même je l’ignore. Donc vous, comme moi, ne pourrons que le découvrir.

Pouvoir

Sombre Désir

Imaginez vous être frôler, un contact anodin et léger. Ce contact est presque quelque chose de suave, une promesse au creux de votre être. Vous ressentirez alors un profond désir naître en vous. Une envie inextinguible et folle de répondre à une exigence. Vous seriez prêt à tout abandonner pour y répondre. Un second souffle, comme si cela était vital. Ce désir qui se serait dessiné en vous équivaudrait peut-être à voler un objet anodin, peut-être serait-ce les fragrances d'un désir sexuel ou bien même de vous jeter dans un feu.

Pour autant, chaque utilisation, même la plus légère, amène une douleur équivalente. Plus la tâche et le désir sont complexes ou à l’opposé de ce que vous êtes, plus je souffrirais pour faire naître le désir que je souhaite en vous.

Histoire

Je peux sentir le fer mordre ma chair. Ma bouche est pâteuse et asséchée. Je n’entends rien, ne voit rien. Ma conscience flotte et s’étiole dans les ombres. Quelque chose palpite parfois quand on verse ce liquide particulier dans ma bouche. Je peux presque sentir l’extase me traverser dans ces moments. Ressentir mon corps se gorgé de ce liquide et l’espace d’un battement de cœur, devenir vivant.  Je continue de flotter au travers de ses miasmes de conscience et sensations étranges. Je ne bouge pas, ne vibre pas. Et pourtant une volonté sinueuse s’étend en moi. Un désir particulier. Un désir puissant. Un besoin inextinguible d’avoir plus de ce liquide qui coule parfois entre mes lèvres. Ce désir me ronge, il me pousse à émerger. Rompre la torpeur pour goûter encore. Pour ressentir encore l’espace d’une seconde cette vie que je ne ressens que par moment. Douce rêverie et douce promesse. Bientôt j’ouvrirais mes yeux sur le monde de nouveau.

Échangeriez-vous une vie de douleur pour voir votre désir prendre forme ? Ou plus précisément que seriez-vous prêt à endurer pour voir votre désir le plus profond se réaliser ? Oh, cette douce promesse fait scintiller vos yeux. Pour autant croyez-moi, le prix à payer reste le plus exquis. Voyez cela comme un crédit, votre usurier est la douleur. D’aucuns apprécient cela. Ils s’en délectent. Pour ma part, c’est un supplice parmi tant d’autres. Lorsque j’ai été transformé, je pensais pouvoir accéder à une multitude à quelque chose de grand. D’une certaine manière ce fut le cas. Une ascension particulière qui faisait brûler plus ardemment le feu qui était déjà en moi. J’ai passé plus d’un siècle à vivre dans une certaine folie par l’utilisation de mon pouvoir. Je cherchais certainement une forme de transcendance. L’immortalité acquise, vous pensez le monde à vos pieds. Je voulais tester ces plaisirs de la vie, cultiver l’essence des choses qui m'entouraient, que ce soit par le biais de saveurs légères ou interdites. L’avidité qui me rongeait était profonde. Je me suis rapidement aperçu qu’il fallait plusieurs vies pour découvrir toutes ces choses que je trouvais fascinantes.

Humain déjà, j’aimais jouer avec les limites. Sentir ce frisson particulier qui vous parcourt lorsque vous jouez avec les règles. Je suppose que cela est resté. J’ignore ce que j’ai perdu en revanche. Et depuis je n’ai pas vraiment pris le temps de m’en soucier. C’est d’une importance moindre. La Matriarche à apporter une stabilité au travers de ses propres enfants et qui produisirent à leurs tours les clans. Pour ma part je suis le mal nécessaire qui frôle les limites mais ne les franchit jamais. De la même base que mon pouvoir, je vous amène ce que vous désirez et qui parfois ne peut pas passer par les chemins traditionnels. Ça m’a toujours paru un bon compromis entre la richesse et la main mise sur ce frisson que j’affectionne. Ce n’est pas forcément l’ambitieux qui m’a conduit là où j’en suis. Plutôt une quête qui trompait l’ennui. On m’avait expliqué sur l’un des quais de Port-du-Roi à quel point j’étais insignifiant. Délicate attention qui me donna tout loisir de plonger dans une nouvelle quête fascinante. Que pouvait procurer un sentiment de vengeance pleinement assouvi ? Ou encore que pouvait ressentir un semblable en perdant tout ?

Durant des années je m’appliqua. Me découvrant plus méthodique que je l’aurais pensé. Peut être là une preuve que le temps passait. Je notais les gens, les faits et gestes de mes victimes et commençais à tout calculer. Jusqu’où je pouvais aller ? Je voulais devenir le chef d’orchestre qui maniait sa baguette à son pupitre. Je me préparais à attaquer chaque pierre de l’édifice. Et au fil du temps je ne m’attaquais plus à mes adversaires, je voulais le contrôle. Absolu et total. Il me fallut du temps pour observer et mettre en lumière toutes les têtes de l’hydre.  Lorsque le temps n’est plus un problème, vous ne le percevez plus par le même prisme. Il devient un allié. Durant quatre-vingt-dix années, je mis en place un plan qui se voulait parfait. Le pourcentage de pertes d’esclaves étaient acceptables. Je me riais déjà de voir leurs maitres perdent, non pas la vie mais tout le reste. L’adversaire le plus difficile est celui que vous ne voyez pas et dont vous ignorez l’existence. En une nuit j’utilisa plus que mon pouvoir ne pouvait le permettre. En une nuit je fis naître de nombreux désirs, des plus légers au plus retors. En une nuit, au gré de mon plan, je fis naître une nouvelle hydre que je pouvais chevaucher. Durant une nuit au creux des ombres, sous une nuit sans lune, je peux mettre à feu et à sang les quais. Et cela sans un son ou un fracas. Un murmure silencieux qui donnait simplement naissance à mon désir au travers des autres. Et bien que ce fut une réussite et que je pu couvrir mes arrières, j’y perdis tout à mon tour. La douleur et l’utilisation abusive de mon pouvoir me fit plonger dans les méandres d’un coma. Mon passé, ce que j’étais. Je sombrai dans une rêverie terne et difficile. J’avais réussi à me placer en haut cependant je dormais. Et je ne me souviendrais de rien de tout ceci. Je me demande à présent comment cela va m’impacter. Vais-je vivre une nouvelle naissance ? Peut-être vais-je changer. J’ai placé mes pions. J’ai joué de mille façons. Le tout est de savoir maintenant si tout s’est déroulé comme cela devait se dérouler. Vous êtes curieux vous aussi non ? Cependant pas autant que moi, croyez-moi…