Physique

Pour une humaine n’ayant souffert d’aucun entraînement aux armes, Gaïwen se trouve relativement bien bâtie, du haut de ses 1m75 et 70 kilos. En réalité, elle n’est pas aussi impressionnante qu’elle aimerait l’être. Pas aussi forte non plus, malgré plusieurs combats remportés contre ses pairs esclaves. Pas aussi résistante, avec ces bleus qui embrassent les couleurs de l’arc-en-ciel avant d’enfin disparaître. Sans parler de ces cicatrices ancrées dans son derme. Une sur le nez, horizontale, l’autre partant de sa mâchoire pour remonter sur sa joue droite. Non, une chose est sûre, elle ne sera jamais autant qu’un vampire.

Ses cheveux oscillent entre l’ébène et l’acajou, au gré des rayons qui filtrent entre les arbres de la forêt d’Aubéclat. Reflet conforme de son caractère, ils tolèrent péniblement le moindre dressage. Ses yeux sombres comportent un mélange égal de bleu et de vert. Difficile de le discerner sans être près, à moins que Tyweel y pose sa lumière. Des lèvres charnues, une arcade prononcée, des pommettes hautes et peu saillantes, elle possède un charme grossier. Enchanteur pour les tendances bestiales des Newind, mais souvent peu attirant pour autrui. Les vampires qui la connaissent la surnomment d’ailleurs « la belle bête ».

La jeune femme épouse cette réputation, puisqu’elle lui a si justement permis de se hisser hors du troupeau. Arborant peaux et tenues de cuir dessus ses chemises en tissu, elle porte sa sauvagerie ouvertement. Elle préfère la corne au métal et choisit ainsi ses parures, dans la limite de ce qui lui est attribué. Boucles, pendentif, bandeau, bracelets, tout ce qui peut agrémenter son corps sans produire un agaçant bling bling lui plaît.

Psyché

Fière et défiante, la brune ne se laisse pas marcher sur les pieds., dans la mesure de son maigre pouvoir. Elle n’est pas stupide et sait que la mort, quelle que soit sa forme, peut la surprendre à chaque faux pas. Aussi elle dédie la plupart de ses efforts à taire son insubordination. Alors un sourire sur commande, elle en est loin. Ceci dit, son éducation et les années passantes temporisent peu à peu son mauvais caractère.

Mais les vampires aiment son attitude un poil rebelle, ils s’en moquent et elle en joue, s’en fait une carapace. Beaucoup y voient une petite furie qu’il serait si délicieux de dompter sans la présence de son Maître. Elle grogne et aboie plus qu’elle ne parle, sans projeter l’ombre d’une menace. D’autres s’en méfient ou s’y intéressent, devinant derrière cette témérité les affres d’une colère grondante, au potentiel dévastateur si une transformation survenait.

Pourtant, si Gaïwen râle et fait parfois preuve de cynisme, elle n’est pas taciturne. Elle dévore la vie, en nourriture, en boissons, en jeux. Sans affectionner l’état d’ivresse ni même le sang, elle aime se rendre à l’arène, assister aux divers événements organisés à Frégis. Tout pour combler le sentiment de solitude et masquer sa peur, son impuissance.

Enterré sous ses couches de peaux se trouve un cœur bon. Mais elle respecte la loi du plus fort depuis si longtemps qu’elle a arrêté de se préoccuper des autres humains. Elle les méprise en apparence pour se dissocier d’eux. D’abord se sauver, ensuite on verra.

Ͼ Khan, son familier, a tout aussi mauvais caractère qu’elle. Ils s’aiment et se disputent sans arrêt, et le mustélidé n’hésite jamais à montrer les crocs ni à grogner. Pire que la jeune femme, qui doit parfois le maîtriser pour éviter qu’il n’aille grignoter les bottes d’un puissant en représailles d’une offense véritable comme imaginée.

Ͼ À bien y réfléchir, Khan a dû la mordre plus de fois qu’un vampire. Cet amour vache constitue cependant un éternel soutien, et l’animal ne la repousse jamais dans les moments difficiles. Gaïwen affectionne les animaux, et se montre aussi douce que patiente en leur compagnie. Khan, lui, retrouve un caractère joueur et malicieux avec eux.

Pouvoir

Aucun.

Histoire

Vendue. N’était-elle déjà pas achetée et possédée ? Pourquoi la revendre à un autre, l’éloignant ainsi de sa famille à l’âge de dix-sept ans ? Longtemps, la demoiselle s’est posée cette question. Le blâme tomba bien vite sur ses parents, qui exhortaient leur contremaître à faire partir leur aînée, vantant ses qualités et l’argent qu’elle rapporterait. Débordant d’énergie, et ce dès son plus jeune âge, toute tâche saurait être effectuée dans la limite de son physique. Elle les aimait pourtant, et il semblait qu’eux aussi, malgré son caractère désobéissant dès les prémices de l’adolescence.

Plus le temps passe, et plus elle se demande s’ils ne l’ont pas simplement protégé d’une mort certaine. Puis la pensée s’efface, trop lourde de conséquences. Mieux vaut les considérer comme des lâches, ayant eu peur que son impertinence leur attire des ennuis. C’est sans doute vrai aussi. Tara quitta ainsi la ferme où elle travaillait pour aller vivre à Frégis. Les coups plurent pour ferrer son ardeur, compensée par une envie et une facilité à apprendre. Progressivement, elle écouta sans répondre, obéit sans discuter, plia sans casser. Quelques grognements lui échappent encore bien sûr, mais les punitions sont devenues rares. Maintenant que la position de favorite lui a été accordée, elle se permet plus de choses.

Son Maître l’avait nommée Gaïwen, et lorsqu’il lui apporta enfin une réponse, il déclara qu’elle incarnait à merveille les caractéristiques d’un Newind. Trop pour une simple humaine. Il parle sans doute de cette flamme qui l’anime, prête à dévorer tout ce qui se trouve à sa portée. Celle qu’il souhaite entretenir tout en lui inculquant comment la maîtriser. Mais si seulement il avait parlé avec des mots, plutôt que des punitions, elle se serait éloignée de la bête enragée enfermée dans sa condition humaine.

Il connaît les animaux et elle les étudie, à ses côtés. Quand ce n’est pas le cas, elle cuisine, à sa demande ou celle des autres. Il paraît qu’elle assaisonne la viande comme aucun autre de sa race. Un rare compliment dans la bouche de son éducateur. Le fait que son sang ait goût de cannelle semble en être un aussi. Il l’amène également en forêt avec lui, ce qui lui permet de respirer, d’évacuer tous ces petits bouts de colère qui s’amassent dans son cœur et son esprit et qu'elle doit sans cesse taire. Envers qui ? Les vampires, au sommet de leur puissance mystique ? Les humains, au comble de leur faiblesse ? Ce monde cruel et injuste ? Ou peut-être elle-même, pour vouloir y appartenir. Pour attendre avec autant de crainte que d’excitation une transformation qui, elle l’espère, changera sa mort après la vie.