Physique

Intimidante. La plupart du temps, c'est ainsi que j'étais caractérisée et vous vous doutez bien que c'était l'effet recherché. Une habitude que j'avais prise en rejoignant les Manteaux-Pourpres et que j'avais gardée depuis. A moins d'avoir la chance d'être choisi ou choisie et ainsi me réchauffer le temps d'une nuit, rare sont ceux et celles qui m'ont vue sans mon armure et mon épée à deux mains.

J'ai une soudaine envie de vous laisser imaginer ce que vos yeux ne sont pas capables de voir. Suis-je si cruelle? Il semblerait que non.

Pour commencer je peux vous dire que ma peau est d'un rose très léger et d'une grande douceur. La seule imperfection dans celle-ci est une cicatrice au niveau de mon arcade sourcilière, provenant de ma rencontre avec celle qui deviendrait la Louve Blanche lors de cette fameuse finale. Plus tard pour les explications.

Au sujet de mes formes je n'ai aucun complexe. Ma poitrine est de taille moyenne, j'aime les comparer à de jolies petites collines sans prétentions. Mes hanches sont juste assez développées pour attirer votre regard de gauche à droite tel un métronome et ce à chaque pas.
En ce qui concerne ma musculature je la considère comme travaillée, dessinée, adaptée à ma féminité.

Pour terminer décrivons tout de même ce que vous êtes capable de voir. Je parle bien sûr de ma chevelure flamboyante qui, lorsqu'elle est détachée, atteint facilement le milieu de mon dos. Cette même toison entoure mon visage de forme ovale. Mes yeux, en forme d'amande, sont d'un bleu-gris surprenant. Après avoir suivi mon nez fin vous tomberez sur des lèvres gourmandes qui sont une tentation à elles seules.

Psychée

Pendant toute mon enfance et même une décennie après avoir été transformée, j'ai souvent eu du mal à accepter la critique. Bien que je susse me remettre en question, je ressentais toujours ce besoin de chercher l'affrontement, de chercher un défi, comme si je n'avais plus rien à perdre. En y repensant aujourd'hui ce doit être ce trait de caractère qui m'a sauvé la vie, qui a dû plaire au seigneur vampire m'ayant trouvé après le massacre de mon village par les siens.
C'est en grosse partie grâce à lui que j'ai appris l'humilité, la modestie ainsi que la patience. J'en oublie bien sûr l'art qui a fait sa réputation et la mienne bien plus tard, celui du maniement de l'épée à deux mains.
La maîtrise de cette arme m'a donné ce côté explosif qui me faisait défaut lors d'un combat, cette folie capable de renverser une situation désespérée.

En ayant rejoint les Manteaux-Pourpres, j'appris les fondements d'un système hiérarchique, d'analyser tout ce qui m'entoure et ceci, à chaque instant. Lorsque je fus choisie pour représenter l'élite au sein de la Capitale, c'était pour mieux retrouver l'une de mes plus grandes rivales. Rivale ne veut pas forcément dire ennemie, loin de là. Je ne lui ai jamais dit mais d'un côté je la respecte plus qu'elle ne le mérite. D'un autre, je me dois d'être sincère et vous avouer que cette vanité qui transpire d'elle m'exaspère au plus haut point. Elle doit être l'une des personnes capables de me pousser à bout. Outre cela elle est source de motivation et de dépassement de soi.

Au fil des années j'ai développé une attirance pour les enfants que je croisais lors de mes patrouilles. Non, pas une attirance sexuelle, mais une attirance d'une femme qui n'aura jamais la possibilité de donner la vie. Et puis ils étaient le futur et je sentais en moi une certaine responsabilité de les mener vers le chemin qui ferait d'eux, d'excellent esclaves. Voir plus si la chance leur souriait. En mémoire d'un enfant parti trop tôt.

Pouvoir

Je possède une affinité avec la Terre. De ce fait, dès que je touche quelque chose en rapport avec cet élément*, tout mon corps est pourvu d'une fine carapace invisible à l'œil. Toutefois elle possède un gros point faible, si un adversaire donne  deux coups dans la même zone, par exemple l'épaule, le premier n'aura aucun effet (au niveau blessure) tandis que le second percera cette fine armure jusqu'à atteindre ma peau et ainsi être blessée. Pour chaque zone où cette armure est affaiblie, il me faudra entre quatre et six heures de repos et ceci en contact avec la terre. Un record dont je ne suis évidemment pas fière est d'avoir été vulnérable plus de trente-six heures.

* Le sol, de la terre, de l'herbe, un arbre, un rocher, etc.
* Ne fonctionnera pas avec de l'herbe coupée, des fruits tombés au sol, de simple cailloux, etc.

Histoire

Me remémorer plus de deux cents ans d'existence n'est pas chose aisée. Plus les années passent et plus j'ai cette impression qu'en clignant des yeux je pourrais tout simplement oublier certains moments de ma vie. Je sais que, pour vous, se souvenir de cette période où vous étiez quelqu'un d'insignifiant n'a rien d'exaltant et je le comprends. Oui je le comprends, mais me souvenir de ce couple dont leur amour me réchauffait tout autant que le feu dans notre cheminée. Cette petite sœur, oui j'aime me dire que cela aurait été une fille, qui grandissait dans le ventre de ma chère mère. Ce père, qui même après une dure journée de labeur en tant que boucher, trouvait toujours du temps pour sa fille et un bonhomme de neige. De précieux souvenirs durant mes neuf premières années dans ce petit village des Monts si rapidement dévasté, si rapidement oublié.

*cligne des yeux*

Je m'étais réveillée attachée à un autre enfant plus jeune que moi, la blessure à l'arrière de ma tête pulsait telle que des larmes coulaient sans cesse. Une ou deux heures plus tard je ne saurais le dire avec précision un géant, du moins il l'était à mes yeux, entra et nous fixa l'un après l'autre. Nous étions six, formant donc trois groupes. Nous comprîmes rapidement ce qu'il attendait de nous. Il n'y avait que trois morceaux de pain après tout. En moins d'une minute la mort frappa dans les deux autres groupes tandis que mon jeune compagnon et moi restions à notre place, choqués de voir ce que certains étaient capables de faire juste pour un maigre morceau de pain. Je ne comptais pas prendre la même décision.

Le vampire m'observa avancer vers la nourriture, prendre ce fameux morceau et le donner à ce garçon qui ne devait avoir que cinq ans tout au plus. Entre deux pulsations de douleur je reconnus ce dernier, c'était le fils d'un de nos chasseurs. Croisant ensuite mes petits bras je soutenais le regard de ce vampire immense, en y repensant il ne devait pas être loin des deux mètres. Je le vis prendre son épée aux dimensions impressionnante et je me préparais à...

*cligne des yeux*  

Trois jours plus tard je m'étais réveillée cette fois dans une pièce bien plus chaleureuse et chauffée où de nouveaux habits m'attendait sur une chaise en bois ainsi qu'une bassine d'eau chaude. Je m'étais préparée silencieusement avant de me rendre jusqu'à la seule fenêtre de la pièce afin de repérer où je me trouvais. M'échapper? Oui j'y avais pensé jusqu'à ce que je remarque la tête de ce jeune garçon, plantée sur une pique. Le cri d'horreur mourut dans ma gorge et je m'effondrais là.

*cligne des yeux*

Neuf ans passèrent où je m'étais forcée de vivre en mémoire de cet enfant. Je vivais pour nous deux sans jamais rien avoir à perdre. Durant cette époque là je n'acceptais aucune critique, aussi bien de mon maître Godrik que des autres. Je me battais plus souvent qu'à mon tour comme si j'essayais de régler mes problèmes avec mes poings. Mes corvées ne semblaient pas être suffisante pour m'épuiser et la décision fut rapidement prise de m'initier à la lutte et au développement physique. J'aimais cela et mon maître, en tant que bon Miranna, respectait cela.

Toutes ces années d'entraînement m'amenèrent à un tournoi. Un grand tournoi selon mon propriétaire où je pourrais lui prouver qu'il avait misé sur la bonne personne Que je lui fasse honneur est tout ce qu'il demandait.

Les combats s'enchaînaient tout au long de la première journée. Je ne laissai aucune chance aux trois adversaires que j'avais pu rencontrer. Nous étions huit qualifiés à la fin de la journée.
Le deuxième jour furent les quarts suivi des demi-finales. Mes rivaux avaient été bien plus coriaces et j'avais été à deux doigts d'abandonner lors du dernier combat face à un garçon bien plus costaud qui essaya de m'étrangler. Un coup dans son entre-jambe et il n'avait pu s'en remettre. J'en étais ressortie avec les marques de ses doigts autour de mon cou.
La finale. Enfin. Au crépuscule du troisième jour je faisais face à une autre femme qui devait être de quelques années mon aînée. Je mis du temps à la reconnaître, mais plus les minutes passaient et plus j'étais certaine de son identité.
Iris.
Qu'il était ironique que les deux survivantes du même village s'affrontent après tant d'années.

En partie choquée de me retrouver face à elle et en commettant ma première erreur, celle de la sous-estimer, mon arcade sourcilière droite encaissa un coup et se mit à saigner suffisamment pour troubler ma vision de cet œil. Un deuxième coup sur le nez et même résultat, cela se mit à saigner. Je n'allais pas abandonner aussi facilement et j'étais arrivée à lui porter quelques coups. Toutefois, rien d'aussi important que les siens. Feintant du poing droit pour finalement tenter de lui mettre un crochet du gauche et prendre l'avantage, il s'avérait qu'elle avait anticipé ce mouvement. Ma deuxième erreur. Elle me déboîta l'épaule gauche et enchaîna sur le genou.

Je tenais encore debout, de justesse, tandis qu'elle s'apprêtait à me mettre le coup final, j'eus la chance de lui porter un très bon coup dans le ventre qui retarda mon échéance avant de tomber au sol, épuisée. J'entendis mon maître intervenir avant de tomber inconsciente, la douleur de chacune de mes blessures avait été trop importante.
J'avais perdu, oui, j'en avais eu pour presque un mois d'invalidité suivi d'un autre à reprendre l'entraînement intensif.
C'est un soir comme un autre où mon maître m'ordonna de le rejoindre dans sa chambre, qui jusque là m'était inconnue, et prit ma virginité avec une patience que je ne lui connaissais pas jusqu'ici. Me susurrant à la toute fin que dans les jours prochains je deviendrais sa Favorite.

*cligne des yeux*

Au bout de sept années supplémentaires, il fit de moi une vampire. Afin de gérer la transition il m'enseigna son art. Des feintes, des parades, le côté explosif, l'une de ses attaques spéciales. Cela demandait une telle concentration que je ne pensais à rien d'autre.

*cligne des yeux*

Dix années supplémentaires et elles se résumaient plutôt facilement.
De l'entrainement encore et toujours.

Un nouveau composant était entré en compte, la découverte de mon pouvoir. Et surtout, ce qu'il allait me permettre de faire. Bien plus de possibilités durant un combat, cela c'était certain. Je pouvais prendre plus de risques, laisser cette explosivité et cette folie s'exprimer plus longtemps.

A la fin de cette période je pris la décision de m'engager chez les Manteaux-Pourpres, avec la bénédiction de mon père, car c'est ce qu'il était devenu après tout. Il m'offrit même un cadeau, ma propre épée. S'en suivi deux décennies et la moitié d'une troisième à patrouiller et où la discipline régnait telle une maîtresse impitoyable.

*cligne des yeux*

Quinze ans déjà que j'avais été envoyée à la Capitale pour représenter l'élite des M-P en son sein. J'avais bien entendu retrouvé ma plus grande rivale, celle que l'on surnommait la Louve Blanche. Déjà Capitaine, elle n'avait pas perdu de temps mais j'étais loin d'être étonnée. Je ne fus pas mutée dans sa garnison. Il est vrai que d'un côté, j'aurais aimé être dans la sienne, car après tout comme je vous l'ai déjà dit, elle est le seul lien qui me reste avec un passé qui se fait chaque jour plus lointain. D'un autre je ne suis pas certaine que j'aurais pu devenir celle que je suis aujourd'hui. Evoluer dans son ombre? Je me demande si quelqu'un en est réellement capable.

*cligne des yeux*

Un sacré bond cette fois. Cent vingt-cinq ans.

De pure loyauté envers cette institution à part que sont les Manteaux-Pourpres. Outre notre travail de base qui était de maintenir l'ordre, je me suis rapprochée des enfants dans le but qu'ils ne deviennent pas des humains ordinaires. Qu'ils aient une chance d'avoir un meilleur destin que leurs parents. Et nous d'avoir des esclaves dignes de ce nom. J'en ai connu des générations, pourtant sur l'ensemble de ces dernières une seule enfant s'est montrée assez combative pour atteindre mes propres niveaux de critères élevés. Elle avait un nom des plus communs, mais néanmoins charmant à l'oreille. Aurélie.

J'ai fait sa rencontre non loin de mon centième anniversaire et l'ai transformée une vingtaine d'années plus tard. Plus habile avec une épée à une main, la regarder se battre était une splendide chorégraphie.
Elle est ma fierté et le sera toujours.

Vous vous doutez bien que pendant ces longues années j'ai recroisé le fer avec ma charmante rivale. Du moins avant qu'elle ne quitte son poste ainsi que les Manteaux-Pourpres. Bien que les combats furent relativement équilibrés, en résumé je ne me faisais pas botter les fesses aussi rapidement qu'avant, elle est la seule aujourd'hui à avoir découvert mon plus gros point faible.

*cligne des yeux*

Quatorze ans que j'avais moi aussi quitté mon poste. Un besoin de voyager, de prendre le temps de retourner dans les Monts afin de rendre visite à Godrik.
De plus en plus souvent ces derniers temps je me surprenais à penser à elle. Qu'était-elle devenue depuis plus de quatre-vingts ans. S'était-elle ramollie? Je ne l'espérais pas, ce serait une vraie déception.

Pour conclure, après ces années de repos, j'étais prête à reprendre du service. Cependant, je cherchais un poste bien plus important.