Physique

Mère nature m'aura au moins donné la beauté.

C'est un fait et un avantage dans ce monde, mais la lucidité d'Eirin lui a toujours murmuré que parmi les humains, voire parmi les buveurs de sang, elle n'était pas à se plaindre. Cependant ce serait mentir que déclamer la jeune femme comme la plus belle créature au monde.
Mais n'est ce pas les défauts de chaque mortel qui les rendent irrésistibles ?

Quand le soleil est déjà bien élevé dans le ciel, l'esclave se réveille toujours en étirant ce corps fin qui n'est à présent plus celui d'un enfant. Les années sont passées, la transformant en une féminité discrète. Même après une nuit agitée, on peut passer ses doigts dans les cheveux de l'esclave sans trouver une seule résistance. Une chevelure de jais, aussi profonde que le plumage d'une corneille, raide, tombant en cascade abrupte sur des épaules fines et pâles.

Elle étire ce corps fin, fait de courbes, monts et vallées sachant se faire remarquer sans être appuyés. Et cela lui convient totalement, un parfait équilibre pour se prouver femme sans que tous les regards ne se posent instinctivement sur elle.

L'esclave accepte de sortir de ses draps, et c'est souvent sans grande gaîté qu'elle quitte ce cocon chaud pour la froideur du monde et de l'éveil. Comme chaque matin - quand son quotidien ne lui permettait -, son regard se pose dans le miroir de sa chambre. Une jeune femme sortie de la deuxième décennie... L'âge d'or et de beauté comme le disent certains.

Dans ce reflet, se sont des traits fins qui dessinent, un nez discret et des yeux en léger amande dévoilant des iris d'un gris profond se confondant presque dans ses pupilles. Les traits se dessinent sur une peau d'un naturel pâle et des lèvres rosées.

Une beauté simple, que les plus observateurs sauraient remarquer.

Jamais hommes ou femmes n'ont pu la voir en robe d'un rouge vif ou arborant de grands chapeaux de plumes et d'artifices ! Bien que prenant soin d'elle, Eirin déteste se sentir entravée par des corsets ou des jupons... Quand la vie l'oblige à sortir et se montrer au monde, ce sont dans des robes simples. Noires. Ou ternes. Légères et bien loin de l'affriolance. Quelques boucles d'oreille dorées décorent sobrement son visage, quelques fois accompagnées de pendentifs simples sans grandes significations.

Voilà comment Eirin s'habillait, se parait par le passé.
Voilà l'apparence qu'elle espère retrouver.
Une fois que ces atours si simples, sans aucun bijou, ne lui seront plus imposés.
Une fois que cette chaîne d'esclave à vendre ne se trouvera plus autour de son cou.

Psychée

exigeante - capricieuse - déterminée - propre - égoïste - stratégique - ambitieuse - mélancolique - oisive - rancunière - gracieuse - inventive - fleur-bleue - sensible - audacieuse - résiliente -  lucide - observatrice


Exigeante & capricieuse.
Eirin a conscience de sa propre valeur et de la valeur de la vie en elle-même. C'est pour cela qu'elle se refuse à la misère, la médiocrité ou même à la moyenne. Car si on ne cherche pas à atteindre les sommets, personne ne les atteindra pour elle... Dans ce monde où toute son existence dépend de la volonté d'un autre, Eirin cherche celui qui la guidera vers une vie agréable, supportable et digne. Et puisqu'elle est mortelle, elle n'a pas le temps d'espérer à ce qu'on la rendre heureuse sans aucun effort.  

Égoïste.
Eirin est une esclave parmi... Des milliers. Ce serait mentir d'imaginer qu'il existe une solidarité puissante entre les mortels, tout au mieux celle-ci peut s'exprimer quand on a quelques chose à y gagner ou que sa propre vie n'est pas menacée... Ne pas penser à soi-même serait tenter de vivre une vie acceptable voire agréable avec un boulet au pied. Eirin voit l'égoïsme comme une nécessité. Pourtant autant, son cœur n'est pas cruel et la méchanceté n'est pas innée dans son esprit. Un égoïsme pour survivre, pour ne pas se noyer dans les tracas et les épreuves de tous. Eirin en a suffisamment à elle-seule pour ne pas se rajouter ceux de ses égaux.

Ambitieuse.
C'est cela qui différencie Eirin des autres esclaves qu'elle a côtoyés dans sa vie. L'esclave désire plus qu'une vie de servitude à recevoir des ordres et où chaque matin dépend du bon gré de son maître. La tranquillité de la liberté, c'est cela que désire ardemment Eirin... L'idée d'avoir en plus de la liberté, avoir une vie éternelle sans vieillesse et de privilèges ne peut que la séduire. L'ambition a toujours guidé une grande partie de ses choix passés.  

Mélancolique.
Malgré des sourires, un observateur avisé saura remarquer cette mélancolie dans les iris grises de la belle. Sa vie n'est pas joyeuse, entravée par les liens de l'esclavage, ses rêves semblent si lointains, si incessibles... Pourtant, ce n'est pas une tristesse désespérée, violente, qui se cache dans son regard, non c'est une chose plus terne, plus commune, moins marquée. Comme si le ciel n'était jamais bleu au sein de son esprit, toujours voilé par quelques nuages, tantôt bancs, tantôt aussi noirs que ceux d'un orage à venir.  

Oisive.
Pas de mauvaises excuses, quand elle vit avec un maître tolérant et lui offrait un confort certain, Eirin aime se prélasser dans son lit, rester des heures sur les toits à rêver en regardant le ciel étoilé ou encore se cacher dans hauteurs des demeures pour fumer quelques plantes en regardant la pluie qu'elle apprécie tant, tomber. Mais peut-être serait-elle moins paresseuse si les tâches à réaliser étaient plus agréables. Quoiqu'il en soit, sa mère devait tant la rappeler à l'ordre pour la forcer à exécuter les corvées ménagères ou la lessive. La seule tâche où Eirin ne rechignait pas réellement était la cuisine... Parce qu'elle pouvait prendre son temps à côté du four chaud en regardant le pain pousser, et accessoirement, en profiter pour se préparer ses propres collations.

Gracieuse & discrète.
Au moins, nous pourrions dire qu'Eirin a toujours eu une certaine grâce dans ses mouvements sans vraiment y prendre garde, cela vient de son corps fin lui permettant d'être discrète quand elle le désire. Ayant appris, par exemple, à attendre le bon moment pour sortir de sa chambre et l'art de déambuler dans les couloirs sans faire grincer les planches des parquets...

Inventive & fleur-bleue & sensible.
Derrière son désintérêt et sa mélancolie, peu se doutent de la sensibilité et de l'esprit fertile de la jeune femme. Elle apprécie de se perdre dans ses rêveries et ses espoirs. C'est un moyen de s'échapper de son quotidien et mettre des couleurs sans sa vision terne de la réalité. Ce sont des rêves sans grandes limites dans lesquels tout est possible, des univers dans lesquels Eirin serait heureuse. Il est déjà arrivé qu'on l'observe discrètement et que l'on découvre un sourire sur ses lèvres. C'est notamment pour rendre ses rêves pour fréquents et profonds qu'Eirin a commencé à nourrir son esprits de substances naturelles de l'atelier de botanique de son ancien maître. Heureusement, les seules fois où Eirin se perdit totalement après consommation, ce fut sa mère qui la tira pour la ramener à la réalité.

Anecdotes : ne craint pas le froid - déteste le printemps - accro au tabac - porte toujours des vêtements sombres ou ternes - couche-tard - lève-très-très-tard - préfère la nuit à la journée - fait attention à son apparence - apprécie le luxe de la tranquillité - porte plusieurs cicatrices sur son dos - dont elle n’a pas honte - a une haute opinion d’elle-même - est terrifiée à  l’idée d’avoir un enfant et de s'en retrouvée prisonnière - voudrait être un vampire pour avoir une vie tranquille et non pour le pouvoir - ne se rend pas compte qu’elle est loin d’être mal lottie - préfère l’épicé au sucré et au salé - apprécie la pluie - peu intéressée par la politique et les jeux de pouvoir - ne veut pas vieillir - aurait voulu être médecin ou apothicaire - sait être discrète - n’a pas fait d’études de botanique mais a appris dans les livres - se servait dans les plantes de son ancien maître pour son usage personnel (dans son passé) - adore chanter mais jamais devant d’autres - a une sainte horreur des liens

Histoire

Une naissance qui ne fut guère différente des autres, dans la douleur. Il n'y avait pas de géniteur aux côtés de sa mère quand elle se délivra de sa fille, mais uniquement un vampire qui vit en cet enfant, non pas sa future esclave, ni sa réserve sanguine, mais un petit être auquel il était prêt à s'attacher presque autant que son propre fils vampirique.

Bien que mortelle et esclave du destin, Eirin eut de la chance. Comme une loterie qui tourna bien pour elle. Le chef de cette demeure de la capitale, un vampire Shil et apothicaire de métier pouvait être le maître parfait. Généreux avec ses rares esclaves, bienveillant, il ne leur demandait qu'une seule chose : éviter d'avoir trop d'enfants, ne pouvant pas assumer plus d'esclaves et bien peu envieux de les vendre.

Tout semblait parfait. Eirin grandit en courant dans les couloirs sous les regards tendres de sa mère qui nettoyait les sols avec ferveur. Et tant que la petite fille ne commettait pas de bêtise, chaque pièce lui était accessible, même la grande bibliothèque du maître. Ce fut entre les livres et la cuisine que la petite fille s'épanouie, dans une vie si éloignée de celles de beaucoup d'autres enfants mortels. Une enfance joyeuse, trop insouciante pour le monde extérieur.

Et puis il avait Sebastian. Le fils de Leon du clan Shil, le protecteur.
Sebastian, un vampire jeune, impulsif, ne rentrant qu'au petit matin après des nuits de passions et folies. C'était un vampire si émotif, empli d'une colère que nul n'a jamais comprise. Comme s'il était un opposé de son père... Père qui ne parvenait pas à calmer l'esprit enflammé de Sebastian, se contenant de lui éviter quelques représailles ou mauvaises postures. C'était son fils, ainsi en avait-il la responsabilité...

Eirin ne sut jamais.
Elle ne sut jamais si le vampire qui lui servait de père savait.
Savait qu'elle était devenue un souffre-douleur, un exutoire de la colère de Sebastian.

Eirin ne l'intéressait pas en tant que femme, mais simplement en tant qu'esclave, en tant que chose dont il pouvait disposer à sa guise. Sebastian était imprévisible mais chacune de ses visites se finissait dans les pleurs de douleur de l'adolescente au dos sanguinolant.
Sebastian, le cauchemar d'un enfance.

C'est en apprenant à soigner ses blessures par quelques plantes mâchées qu'Eirin découvrit véritablement l'art de la botanique et ses secrets, l'art de non pas voler, mais planer. Un moyen d'oublier les soirées de la veille et attendre la nuit prochaine. Pendant des mois et des mois, ce cirque continua et Eirin garda le secret, pour le bien de sa mère, pour la tranquillité de son père d'adoption qui lui avait promis d'en faire sa favorite...

Mais la mère d'Eirin en décida autrement. Elle entendait si souvent sa fille pleurer, des larmes aussi tranchantes que des couteaux pour son cœur maternel. Alors une nuit de trop, elle agit, transformant les larmes de sa fille en une rivière de sang. Dans toute la demeure, les cris de Sebastian réveillèrent les autres esclaves mais également le père, le chef de famille. Tous se retrouvèrent autour du corps de Sebastian, inerte et de celui de la vengeresse, morte également dans son entreprise, le cadavre couvert de morsures.  


"Désolé Eirin. Si tu restes à mes côtés, je verrai chaque jour leurs visages et mon vieux cœur ne le supporterait pas. Tu trouveras le moyen de survivre, je n'en doute pas, mais pas ici."

Assise au sein de l'immense marché aux esclaves, Eirin se souvient de ces mots si limpides, prononcés la veille de sa vente... Finie la promesse d'en faire sa favorite, finie sa presque tranquillité. Au cœur du marché, elle n'est qu'une femme parmi des centaines, certaines si belles, d'autres intelligente et enfin, beaucoup trop totalement soumises à leurs sorts. Alors elle patiente, observant les passants, les acheteurs, la comédienne en elle s'arrangeant pour refuser ceux qui se sont montrés intéressés par elle sans l'intriguer en retour.

Elle attend son heure, rêvant de simplement de se perdre une nouvelle fois sur le toit de son ancienne vie, des rêves emplis d'avenirs radieux.