Physique

Autrefois, je n’étais qu’une pauvre humaine chétive, timide et pleurnicharde. Je ne pouvais m’empêcher de pleurer pour un oui ou pour un non. Aujourd’hui, je suis une autre personne. Mes cheveux d’un rouge aussi flamboyant que du sang, autrefois roux, contrastent parfaitement bien avec ma peau pâle. Mes yeux sont d'un jaune éclatant. Ils étaient autrefois marron clair, mais suite à ma transformation, ils sont devenus encore plus clairs, les rendant jaunes. Loin que cela ne me déplaise, cette couleur apporte une once de domination en plus. On croirait que le soleil baigne dans mes pupilles. Cependant, ce dont je suis le plus fière depuis ma transformation, sont mes dents pointues. Je ne peux m’empêcher de les contempler dans un miroir tous les matins. Narcissique ? Légèrement.  

Je me vêtis généralement de robe. De longues et magnifiques robes. Pourquoi ? C’est dans ce genre de tenues que mon maître me préférait. Je n’ai donc jamais extirpé cette pensée de ma tête et continuerait de me vêtir de la sorte. Et puis, une robe, ça apporte toujours un peu plus de charme et de sensualité. Bon, après, quand je sors le jour, je me vêtis un peu plus à cause du soleil... Je crois bien que c’est la seule chose qui me déplaît après ma transformation. Mais bon, il y a toujours des pour et des contre.  

Toutefois, ma taille, elle, n’a pas changée d’un pouce ! Je mesure toujours un mètre cinquante-neuf. Comment vous dire, que c’est assez frustrant. Enfin, cela rend certaines situations beaucoup plus amusantes qu’elles ne l’auraient été si je faisais une ou deux têtes de plus ! Quant à ma carrure... Je ne préfère même pas en parler. Même si ce n’est qu’une illusion, je semble tout autant fragile, mais mon esprit, lui, a bien changé.  

Psychée

Pour vous dire, je ne me souviens même pas de ma vie d’avant. De ma vie avec ma famille humaine. Quand je scrute mes pensées et que j’entame ma vie, la seule chose que je vois, ce sont ces vampires, m’éduquant telle une esclave dès mon plus jeune âge. Formatée à partir de l’âge de cinq ans à obéir à ces derniers, je ne me suis jamais faite à l’idée de m’échapper ou bien de jouer la rebelle. Oh non, loin de là. Ce que je désirais au plus profond de moi, c’était leur ressemblait. Devenir l’une des leurs un jour ou l’autre. Pourquoi ? Je ne sais pas vraiment. Le pouvoir... La puissance ? Devenir aussi libre qu’eux ? Tout ce dont je sais, c’est qu’à cette époque, je ne connaissais pas la raison.  

Et au bout de vingt longues années, je suis parvenue à ce but. Mon maître a fait de moi ce dont j’ai toujours rêvé. Une vampire. Je devins ce qu’il était dans tous les sens du therme. Une narcissique qui détestait les humains qui osaient se rebeller. La race faible que j’étais autrefois. Une vampire avide de sang et de cruauté. Je me délectais des combats entre esclaves. Martyriser les humains désobéissants me procurer une sensation... inexplicable.  

Pour faire simple, je suis gentille envers les esclaves qui le méritent. Et je suis une véritable plaie pour les autres. Toutefois, depuis le décès de mon maître, je suis toujours autant déboussolée. Je suis complètement perdue dans ma vie. Je suis à la recherche d’un ou d’une esclave parfaite, mais, ce n’est pas facile à trouver. Est-ce donc impossible de trouver quelqu’un comme la moi d’autrefois ?  

J’adore la nourriture humaine, surtout les sucreries. Même si cela ne me nourrit plus, je continue à me goinfrer autant que je le souhaite. Je déteste les “moi” d’avant. Surtout ceux qui abandonnent tout et qui préfèrent mourir plutôt que de vivre la chance qui leur est donnée. Etais-je bien une humaine avant ? C’est la question que je me pose. Depuis toute petite, j’ai toujours eu la sensation que le fait d’être une humaine ne me convenait pas. Que quelque chose ne clochait pas. Voilà pourquoi je me suis autant accrochée à la vie pour devenir une vampire. Et aujourd’hui, malgré la perte d’un être cher, je ne suis pas déçue. Mes valeurs sont celles du clan de mon maître. Le clan Miranna. Mon plus grand rêve ? Devenir la Princesse de ce clan. Pourquoi pas ? Vu où j’en suis, pourquoi ne pas continuer ? Je sais bien que c'est quelque chose d'impossible, mais il est beau de rêver, non ?  

Pouvoir

Mon pouvoir me permet de contrôler la terre. Plus précisément, de pouvoir modeler les surfaces avoisinantes comme je le souhaite. Rendre la terre plus dure qu'elle ne l'est ou bien beaucoup plus molle pour pouvoir déstabiliser l'ennemi. Je peux aussi créer des petits monts d'un mètre maximum ou des petits trous de soixante centimètres de profondeur maximum. Rien d'exceptionnel en soit. Je suis encore en plein apprentissage et je fatigue généralement assez vite.  

Histoire

Ma vie humaine n’a jamais existé à mes yeux. De toute façon, je n’en ai aucun souvenir. La première chose qui me revient en tête quand je pense au passé, ce n’est que le visage pâle d’un vampire, m’attrapant par le bras pour m’emmener dans un élevage d’esclaves. Je ne le remercierai jamais assez de ce geste. D’après eux, on m’avait sûrement abandonnée à la vue de ces derniers. Quelle bande de lâches. Raison de plus pour haïr cette faible race que sont les humains.  

Formatée à l’idée de devenir une esclave pour le restant de mes jours, je ne me suis jamais rebellée. Je voulais vivre. Vivre entièrement ma vie. Je m’étais faite à l’idée d’être une esclave pour le restant de mes jours tout en gardant à l’esprit que si je me comportais correctement, j’obtiendrai peut-être un jour le privilège de devenir une vampire. De devenir libre et de pouvoir me délecter de la manière qu’il me plaît de tous ces humains qui errent et peuplent le monde. Récompenser les plus fidèles tout en oppressant les plus fous.  

Elevée pendant cinq ans, le jour de mes dix ans, je me retrouvai sur une place publique, vendue en tant qu’esclave parfaite à un prix fort. Jusqu’à ce jour, aucun vampire n’avait levé la main sur moi. Etant obéissante et me montrant particulièrement douée dans les tâches qu’un esclave devait réaliser, on ne comptait pas me laisser au premier venu. Je fus achetée par un vampire du clan Miranna. Je ne savais pas ce qui allait se passer. Je pouvais très bien tomber sur le pire des vampires, comme le plus gentil. Ou bien le parfait équilibre entre les deux. Cependant, j’étais loin d’être troublée à cette idée. Sûre de moi et plus que sereine, il le ressentit directement.  

Je me revoyais marcher à ses côtés pour la première fois, vêtue de cette longue robe blanche, la tête baissée. Je me montrais neutre, comme on me l’avait toujours appris. Répondre aux questions que l’on me poserait avec le plus de courtoisie possible. Alors que nous marchions depuis cinq bonnes minutes, un silence pesant s’installa. Marchant derrière lui et n’ayant même pas remarquée qu’il s’était arrêté, ma tête frappant contre l’une de ses cuisses. Me reculant aussitôt, je m’agenouillais en posant le front sur le sol :  

- Dés...

- Shhht. Murmura-t-il. Relève-toi. Et vite.

M’exécutant sans un mot, je me redressais aussitôt, essuyant rapidement mes mains poussiéreuses à cause du sol.  

- Bien. Bonne initiative. Je déteste les esclaves sales. C’est le premier avertissement. La prochaine fois que oses te salir de la sorte, tu en subiras les conséquences, c’est clair ?  

- Oui maître...  

- Quel est ton nom ?  

- Numéro 287 Maître.  

Une première violente gifle retentit dans cet endroit si calme. Posant un genou à terre sous la douleur, je me relevais aussitôt avant de sentir une main venir relever mon menton, m’obligeant à plonger mes yeux dans ceux de mon nouveau maître. Il était furieux. Pourquoi était-il furieux ? Je...

Je t’ai demandé ton nom, ton nom de naissance.  

- Je... Je ne connais pas mon nom de naissance Maître. La chose la plus lointaine que je me souviens, c’est d’avoir été emmenée en tant qu’esclave.  

Lâchant mon visage, il reprit la route. Faisant de même en essayant de penser à autre chose pour oublier la douleur au niveau de la joue, il rajouta :  

- Dans ce cas, ton nouveau nom est Istralia. Quant à moi, je m’appelle Edward. Maître Edward pour toi, c’est clair ?  

- Bien Maître Edward.  

- Bien, avant de poursuivre notre chemin, il faut que je mette quelque chose au clair. Bien que je t’ai achetée, je ne me dérangerai pas de tuer quand bon me semble. Ou bien même de te jeter en pâture. Et cela va se décider tout de suite. Si le goût de ton sang me déplaît, ton destin sera scellé. Si c’est le contraire, tu pourras continuer à marcher à mes côtés et vivre ta vie d’esclave à mes côtés.  

Sans même avoir le temps de répondre, ses dents se plantèrent dans mon cou. Cela ne dura que quelques secondes. C’était douloureux, mais rien d’insurmontable. Une fois terminé, il s’essuya les lèvres avant d’exprimer un grand sourire.  

- Ton prix est compréhensible. Continuons.  

C’est... C’est tout ? Aurai-je pu vraiment mourir juste à cause de mon sang ? Moi qui avais donné le meilleur de moi-même pour devenir une esclave exemplaire, j’aurai pu juste mourir, là et maintenant, sans même avoir fait mes preuves.  

Plusieurs années passèrent au côté de mon maître. Des années remplies de haut et de bas. Je m’étais toujours montrée obéissante. Cependant, personne n’était parfait. Il m’était arrivée de faire quelques bourdes ou bien d’avoir des comportements déplacés me valant quelques punitions. Cependant, rien de grave. J’étais même montée en grade. Grâce à l’accord de la Princesse du clan de mon maître, j’étais devenue une favorite. Un haut rang offert à quelques humains. Comment vous dire que ce jour-là, j’étais la personne la plus heureuse sur cette terre. Même si je gardais une expression neutre, l’Istralia en moi sautait de joie. Je me rapprochais petit à petit de mon réel but. Celui de devenir une vampire. Une réelle vampire !  

Mon Maître n’avait jamais douté de moi. Il me laissait même vaquer à mes occupations une fois mon travail terminé. Je pouvais faire ce que bon me semblait. Bon, il y avait des limites, évidemment, mais à mes yeux, j’étais libre.  

Le jour de mes vingt-sept ans, mon maître m’annonça quelque chose. Quelque chose qui allait bouleverser ma vie. Il avait eu l’autorisation de faire de moi une vampire. Une être presqu’égale à lui. Comment pourrai-je me comparer d’égal à quelqu’un qui m’a tout enseigné sur ce monde ? Qui m’a réellement montrée que d’être du côté des faibles ne m’apporterait rien dans la vie. Qu’il fallait toujours viser plus haut et ne jamais abandonner. Et grâce à tous ses conseils, j’allais enfin m’élever à un plus haut rang. Quelques secondes avant le début de la cérémonie, il me murmura ses paroles :  

- Je t’interdis de mourir. Si tu meurs, nous nous retrouverons en enfer et je te ferai vivre un réel cauchemar. C’est clair ?  

- Oui Maître Edward. De toute manière, pour être franche, mourir n’est pas dans mes projets.  

Plantant sans vergogne ses crocs dans mon cou, je sentis mon corps se vider de son sang petit à petit. C’était beaucoup plus intense et douloureux que les autres fois. Au bout d’une longue minute, mon corps commença à trembler de toute part. Mon regard devint flou. Je... Je sentais la vie me quitter petit à petit. Je savais que la transformation était loin d’être agréable et très périlleuse, mais je ne m’attendais pas à ça. Mes yeux se fermèrent et mon corps s’arrêta petit à petit de bouger. Comme-ci, la mort s’emparait de moi à petit feu. Enfin, c’est ce que je pensais. Jusqu’à sentir un liquide chaud couler dans ma bouche, descendre le long de mon œsophage tout en me remplissant l’estomac. Les yeux toujours fermés, je me délectais de cette nouvelle source qui revigorait mon corps petit à petit.  

Rouvrant doucement les yeux, mon maître me sourit, venant passer une main dans mes longs cheveux rouges. Comment... Normalement, ces derniers étaient roux.

- Félicitations Istralia. Tu as réussi le processus de transformation. Tu es désormais une vampire, comme moi. Cependant, il te reste encore beaucoup d’étapes à accomplir ! Tu seras complètement sevrée dans une petite année. Peut-être moins si tu es aussi incroyable que je le pense.  

Tout était différent. Mes sens étaient... beaucoup plus développés. Surtout mon odorat. Je ressentais beaucoup plus de choses qu’avant. Le plus dur à gérer dans les premiers mois était ma soif de sang. Je voulais du sang. Encore et encore ! En tant que nouvelle vampire, mon maître m’entraîna dans plusieurs domaines. Contrôler mes sens, ma force et d’autres petits détails.  

Je fus totalement sevrée au bout de neuf moi. Je pouvais désormais contrôler mes envies toute seule. Me nourrir quand je le souhaitais. Mon maître m’indiqua aussi que j’étais désormais libre. Cependant, mon seul souhait était de rester à ses côtés. Un souhait qu’il accepta avec grand plaisir.  



Trente longues années. Ce fut le nombre d’années que nous vécûmes ensemble. De longues années durant lesquelles il continua de m’apprendre à contrôler mon pouvoir de la terre. Lors d'une petite virée dans un marécage, nous tombâmes sur un groupe d'alligators. Pour une raison des plus mystérieuses et ne m'attendant pas à quelque chose de la sorte, au moment de croiser le regard de l'un des alligators à l'écart des autres, je ressentis quelque chose de profond en moi. Comme-ci, lui et moi nous connaissons depuis des années. Ce fut pour mon plus grand bonheur, ma rencontre avec mon familier qui me suit depuis toutes ces années.

Considérée comme une véritable vampire, un beau jour, alors que ses lèvres se posèrent sur les miennes, il m’indiqua qu’il avait quelque chose d’important à faire et qu’il ne serait pas de retour avant plusieurs jours. Des jours interminables, hein ? Son corps fut retrouvé près d’un lac, noyé. D’après les quelques éléments récoltés, il se serait fait tuer. Par qui ? Pour quoi ? Je n’en avais pas la moindre idée. Il ne m’avait jamais impliquée là-dedans... Sûrement pour me protéger ? Il connaissait le danger qui courait sur lui. Il avait rédigé un testament dans lequel il m’avait légué tout ce qu’il lui appartenait.  

Trente-deux années se sont écoulées depuis cette tragédie et pourtant... Je n’arrive pas à me relever. Enfin, je ne parviens pas à retrouver le même goût que la vie d’autrefois. Celle où j’étais heureuse à ses côtés. Même si je le ne montre pas, je suis détruite intérieurement. Cependant, cela ne m’empêche pas de savourer et de martyriser les esclaves désobéissants...