Physique

Dans son dos sont marqués les stigmates de sa vie humaine. Il en garde aujourd’hui des cicatrices, dissimulées aux yeux de tous, honteuses témoins de sa révolue mortalité.
Dans sa mort, son corps aura trouvé quelques changements. Sa chevelure, autrefois aussi noire que l’encre elle-même, est désormais cendrée, presque immaculée. Ses iris, qui avaient connu la nuance la plus profonde des abysses, se voyaient aujourd’hui décolorés, d’un bleu translucide, puritain.

Du haut de son mètre quatre-vingt-dix, il est un homme fort bien bâti. Des muscles saillants, sculptés, secs, uniquement dûs à une vie de travail, d’objet, de chose. Agréable à regarder, il reste bel homme. Ses hanches sont plus étroites mais néanmoins agrémentées d’une ceinture d’Apollon à ravir les yeux de ces dames. En d’autres mots, son corps n’est pas ainsi fait pour déplaire.

Et si ses traits vous paraissent durs, ciselés, mélancoliques, ne vous y fiez pas, ce n’est qu’un masque qu’il tente désespérément de se donner afin d’intégrer au mieux la société vampirique et ses attentes. Sur ses lèvres, relativement fines, vous pourrez déceler un léger pincement, signe qu’il n’est pas à l’aise. Si son nez, concave, se retrousse, alors il se peut que vous y devinez de l’agacement. Ou un mensonge. Sa voix est grave, total contraste avec son caractère et sa posture droite lui donne un air faussement noble, forcé.

Chaol essaie, de tout son être, de porter un masque qui ne lui sied pas, afin de plaire à ses interlocuteurs, à ceux qui auparavant étaient ses maîtres, et dont il est aujourd’hui l’égal.

Psychée

Chaol. Il est difficile de décrire le flux de pensées du jeune immortel. Profondément humain, sa tout juste naissance lui donne beaucoup de mal avec les mœurs dites “vampiriques”. Il est profondément partagé entre l’envie de plaire à cette société qu’il intègre, et celle de suivre ce qui lui dictent sa raison et son cœur, en d’autres mots, son humanité.

Il n’est pas d’un naturel cruel ou violent, mais se donne parfois des airs autoritaires qui, disons le franchement, ne lui vont pas tout à fait. Peut-être arrive-t-il à tromper les regards peu attentifs des autres vampires -à quoi bon s’intéresser à un nouveau-né ?-, mais certainement pas celui de ses proches.

Sans aucun doute, il manque encore de maturité. Ravi de sa nouvelle situation, ces choses-là ne se sont pas arrangées, et il arrive encore bien trop souvent qu’il faute par naïveté d’esprit et manque d’expérience. Crédule, il a tendance à facilement croire ce qu’on lui raconte -enfin, surtout quand il s’agit d’une belle femme-, et ne se pose que rarement des questions. C’est un point sur lequel il essaie de travailler, mais son jeune âge, et son esprit rêveur sont deux entraves qui rendent cette évolution compliquée.

Facilement manipulable, vous avez dit ? Vous avez totalement raison.

On parle ici d’un homme qui ne sait gérer correctement ses émotions, préfère les faire taire, les étouffer plutôt que de les assumer. Il contourne, essaie d’enjoliver, de modifier, afin de se donner une image de lui-même satisfaisante -mais loin d’être vraie-. Il parviendra, un jour peut-être, à se comprendre et cesser de garder la tête sous l’eau, remplissant ses poumons de vils mensonges qu’il se force à boire.

Pouvoir

Invocation.

Comme tous les vampires du clan Tarak, Chaol a, pendant son sevrage, découvert son "lié" par la magie. Il s'agit d'une chimère. A la seule différence que celle-ci est encore un simple bébé. Si elle ne lui est pas encore très utile, elle est effroyablement mignonne.

A l'image de son maître.

Histoire

Chaol a eu un parcours très classique en tant qu'esclave. Né d'une mère que l'on usait à force de grossesse, il ne l'a pas connu. Une figure paternelle ? Aucune. A vrai dire, ce n'est pas surprenant. Combien d'esclaves sont-ils dans ce cas-là ? A cet enfant, on a appris les bases. Des bases assez limitées. Et pendant un long moment, jusqu'à ce qu'il atteigne ses quinze ans, le jeune homme était utilisé dans les champs, un travail de force.

C'est alors que le contremaître se rendit compte qu'il y avait peut-être plus à tirer de lui.

Il n'était pas laid, le gaillard, et pouvait bien plaire à une quelconque maîtresse en recherche d'un peu d'amusement. On reprit donc son éducation, pendant deux années entières, on lui réapprit à lire correctement, écrire, compter. Qu'est-ce, deux ans ? Pour lui, ça semblait être une éternité. Pour un vampire, ce n'est rien de plus que quelques grains de sable figés dans le sablier de l’immortalité.
En plus d'être un charmant jeune homme, bien taillé, entretenu, nourri, voilà qu'il savait maîtriser une plume, même mieux qu'une faucille. Il restait difficile pour l'humain de s'exprimer correctement, on pouvait déceler en lui un manque évident de confiance et de force de caractère. Mais quelle importance ? Il n'était alors qu'un bien joli jouet, à présenter et vendre au plus offrant.

A ses dix-huit ans, on l'acheta. Il ne resta pas longtemps enchaîné sur le marché, et repartait bientôt -presque en laisse- avec sa nouvelle maîtresse, qui semblait avoir été charmée par la force de son physique. Dans ses bras, il fut initié aux plaisirs, parfois soumis, parfois dominant.. L'immortelle semblait avoir une faim impossible à combler. Elle l'éduquait, prenait son temps pour lui apprendre comment répondre à ses désirs.

Ne se contentant pas uniquement d'être gourmande, la Newind avait un passe temps des plus singulier. Jeune vampire, avec seulement quatre vingt années derrière elle, sa passion était l'écriture, la poésie, la douce tournure des mots sur le papier. Chaol, qui n'avait probablement rien de mieux à faire à cette époque, s'intéressa à ce doux plaisir auquel elle s'adonnait jusqu'à l'aube -lorsqu'elle n'était pas occupée avec lui-, et en donna le goût à ce dernier. Peu doué les premiers mois -la première année avait été une catastrophe-, il trouva bien vite un apaisement à sentir la plume gratter le grain du papier.

Ce plaisir ne dura pas longtemps.
Forcée de se séparer de son loyal esclave, elle le revendit à une de ses connaissances. L'affection, et peut-être même l'amour naissant qu'il avait eu pour elle, avaient dû être bâillonnés. Son nouveau maître n'attendait pas de lui qu'il se plaigne et regrette son passé.

Après tout, Chaol, tu es un esclave non ? Alors agit comme tel.

Les quelques années passées près de ce maître étaient bien différentes de tout ce qu'il avait pu vivre jusque-là. Douloureux et amers souvenirs, il se souvient encore aujourd'hui des coups, des punitions, d'un maître qui ne trouvait du plaisir que dans la souffrance d'autrui. Encore une fois, il prenait sur lui, tentant de trouver quelques raisons à son propriétaire. Peut-être était-il malheureux ? Sa naïveté l'emmenait à croire qu'il méritait ce qu'il subissait.
Jusqu'à ce que l'immortel s'en lasse. Quel intérêt à taper sur quelqu'un qui ne dit rien ? Qui éprouve même une certaine pitié ? Non, il ne voulait pas être pris en pitié. Pas par un humain.

Et depuis ? Depuis, il préfère oublier. Oublier son ancienne condition, la morsure de la douleur, la violence, la tendresse partagée avec sa première maîtresse..
Oui.
Depuis qu'il a rencontré le Prince Tarak, qu'il est devenu vampire à son tour, que sa vie a pris un sens. Un but. Une finalité.

Qu'il n'est plus dans le camp des faibles.

Eh bien.. J'aimerais pouvoir vous dire qu'il a pour ambition de devenir quelqu'un. Que ces événements l'ont fait grandir, mais ce serait mentir. Bien pire, le fait de lui avoir fait don d'immortalité.. L'a rendu encore plus con et immature qu'il ne l'était déjà.

C'est un jeune adulte, un peu maladroit, un peu perdu, qui essaie de s'intégrer au mieux à cette nouvelle vie.
Et peut-être pas de la meilleure des manières.