Physique

Blanche macchabée au sourire carnassier, Deirdre s'avance dans sa démarche inaudible, agile comme un félin, assurée comme une reine. Pâleur incarnée, née blême aux cheveux d'un blond grisé par la terreur et les pleurs, même ses yeux perçants ne semblent se détacher de son allure spectrale, soulignés de noir, clairs comme ceux d'un soleil mort, teintés parfois d'une lueur ironique, meurtrière ou moqueuse. Toujours menaçants. Toujours à l’affût. Son regard plonge ses interlocuteurs dans un profond malaise -rien ne semble lui échapper, nul secret n'a la carapace assez dure pour passer outre leur fabuleuse perspicacité. Chaque détail est noté, chaque échappatoire est repérée, chaque faiblesse est débusquée. Nonchalante, Deirdre a la carrure d'une danseuse, une danseuse aux gestes létaux et aux lames meurtrières. La lumière n'est cependant pas le domaine de la créature aux longs crocs : les ombres lui sont plus favorables, cachant ses traits fins, son visage dur et son regard prédateur.

Les yeux la suivent, elle et son port altier, son expression impitoyable et sa prestance au goût cendreux. Sombre personnage aux couleurs rares, rehaussé par le carmin de ses lèvres et l'éclat effrayant de ses yeux d'or, Deirdre est semblable à une statue, beauté froide et terrible auquel nul ne souhaiterait se frotter. Reine des glaces au physique lunaire, intemporel, la traqueuse évolue parmi ses pairs, élégante et dangereuse, son armure cliquetant sinistrement au rythme de ses pas emprunt de silence.

Psychée

Deirdre est loin de coller à l'image de ces vampires sophistiqués et oisifs. Si elle partage avec eux la même impression menaçante, la sienne est loin d'être sous-adjacente : tout en son comportement hurle au danger. Dépossédée de toute pitié ou empathie, la vampire possède un sens pratique bien à elle. Pragmatique en toute circonstance, la meilleure solution est souvent la plus simple, quand bien même a-t-elle à se salir les mains. Dotée d'une bonne imagination et d'un humour terriblement noir, nombreux sont ceux qui se trouvèrent étonnés de son comportement incisif, provocateur et ironique. Moqueuse et d'un naturel arrogant, Deirdre n'est pas une créature très agréable à fréquenter : extrêmement rancunière, mauvaise perdante et maîtresse ultime de la mauvaise foi, la vampire collectionne les défauts aussi bien que les sillages sanglants. Elle n'a que faire du regard des autres et semble souvent légère, complètement vulgaire ou totalement insouciante. Elle exècre le passivité, ce qui en fait une bien piètre Clirwelle : prompt au combat au moindre mot de travers.

Ne vous y laissez cependant pas prendre : si tout ceci fait bien parti de sa nature, la vampire est avant tout une traqueuse. Une traqueuse expérimentée, terriblement déterminée et implacable. Collectionnant les habitudes maniaques frôlant la paranoïa, Deirdre est vive d'esprit et prudente. Elle écoute, observe et déduit. Derrière ses airs moqueurs et son humour ironique se cache une créature à l'affût de la moindre faiblesse, du moindre écart, enregistrant chaque geste et chaque mot pour un usage futur.  Rusée et impitoyable, elle provoque beaucoup d'hostilité à son encontre, souvent accompagné de crainte. Si son mode de vie semble avoir enterré au plus profond d'elle même tout sentiment pouvant l'affaiblir, il est plus probable que Deirdre ait surtout choisi de s'en foutre. L'égoïsme est à ajouter en bonne position dans la liste de ses innombrables défauts.

Pouvoir

Traquâme.
Deirdre est capable, à partir d'une possession portant l'emprunte énergétique d'une personne (à condition qu'elle soit vivante), de remonter sa piste jusqu'à elle. Chaque personne a une emprunte différente, ce qui fait qu'elle est capable de parfois les retenir en mémoire, comme des visages. Plus elle est exposée à une énergie, plus elle sera capable de la mémoriser.  

Histoire

Gamine des rues, Deirdre n'aura connu depuis son plus jeune âge que la misère et la cruauté de ses pairs. Enfant de personne, alliée des rats et petite ombre dans le sillage des marchants, ses mains lestes fauchent les bourses et rougissent au contact des semelles dures lorsqu'elle se fait prendre. Dans son regard brille la haine d'un incendie et la promesse d'une vengeance qui viendra. Un jour. Un jour. Elle se le répète comme une lente litanie, une chanson qui berce les soirs glacés des nuits inhospitalières passées dans la rue. Un jour, un jour.

Un jour, elle sera bien plus que ça.
Un jour, elle se vengera.

La vie, telle la roue d'une charrette, tourne et tourne. Le temps s'écoule. Les années passent mais le feu de ses yeux brûle toujours, inchangé. Elle a soif, Deirdre, soif de cette vie à laquelle elle n'a pas droit, soif de savoir, de contrôle, de pouvoir. Ses doigts sont plus agiles ─elle ne se fait plus prendre. Et sa fortune s'amasse, petit à petit, tant et si bien qu'un jour, un jour, elle caresse l'idée de s'en aller, prendre sa revanche sur cette vie de misère. Mais les dieux en décidèrent autrement.

La guerre vint la chercher dans ses plus jeunes années : une guerre terrible et ravageuse que nul mortel ne pouvaient arrêter, car c'était bien la mort qui venait alors les chercher. Une mort parée de longs crocs qui la laissa gisante, le regard tourner vers le ciel, le corps sale reposant dans les rues qu'elle avait juré de quitter. Et entre les larmes de rage et de frustration qui roulaient sur ses joues pâles se dessinait la silhouette de celle qui allait changer sa vie à tout jamais en la lui arrachant.

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La vie vampirique de Deirdre n'eut pas grand chose à voir avec la précédente, sur laquelle elle tira un trait net et sans bavure. Elle rejoignit le clan Clirwelle, enfant de leur précieuse héritière, Sibylle. Elle ne comprit jamais le choix de sa créatrice et cette dernière se garda bien de répondre à ses questions pressantes. Alors, elle se fit la promesse de ne pas vivre sa non-vie en vain et de la dédier à sa sauveuse et son clan, oubliant peut être volontairement qu'ils étaient également à l'origine de la fin de sa vie humaine. Une vie qui ne valait cependant rien.

Deirdre croqua cette nouvelle existence à plein crocs, avec l'avidité ingrate d'un nouveau né et le désespoir d'un être qui n'a plus rien à perdre. Elle se découvrit bientôt un nouveau don, cadeau de son clan, qu'elle perfectionna à chaque occasion, tant et si bien qu'il en fit sa renommée auprès de ses pairs.

Elle est désormais connue comme la terrible traqueuse des Clirwelle, le chien de chasse qu'on lâche lorsqu'une proie est trop intelligente pour être trouvée. Une bête sauvage qui dénote arrogamment avec la sagesse de ceux de son espèce.