Physique

Son apparence est figée, comme celle de ses pairs. Néanmoins, en ce qui concerne Thibault, cette aura suspendue dans le temps émane de lui plus que la plupart des vampires. Sa froideur et sa taciturnité jouent un rôle dans cette impassibilité inquiétante.
Il possède une silhouette fine et athlétique. Dans le domaine militaire, il serait qualifié de chat-maigre. Un individu mince, agile et très endurant. Sa peau blême est accentuée par ses cheveux d’ébène, coiffés vers l’arrière. Les traits de son visage sont fins et légèrement anguleux. Ses pupilles, ambrées, sont pénétrantes et percent à jour son inhumanité.
Il est accoutumé à porter des tenues plutôt saillantes, obsidiennes, de très bonne qualité. Thibault porte un grand intérêt à soigner son apparence.  

Psychée

Thibault ne s’intéressait avant qu’à son petit nombril, il le fait encore aujourd’hui. Au moins, cela n’a pas vraiment changé. Imbu de sa personne et prétentieux. Même si sa longue existence est peuplée d’ennui, il ne montre pas facilement aux autres ses faiblesses, il aurait préféré être accueilli par la mort, sur ce foutu champ de bataille. Envieux de cet aspect définitif de la mort, pour lui qui traverse les siècles, sans lumière certaine au bout.
Il est plein de mépris pour les misérables cloportes qui l’entourent. À part son père vampirique, personne ne semble trouver grâce à ses yeux. Thibault est un homme difficile à contenter. Il abhorre d’autant plus ceux de son espèce, de basse extraction, les jeunes vampires et les moins puissants. Certains d’entre eux n’auraient jamais dû avoir le privilège d’être engendrés. Il croit avec ferveur que les vampires appartiennent à une espèce supérieure, seulement quelques rares exceptions humaines devraient connaître l’honneur d’être associées à cette race élitiste. D’ailleurs, les humains, ce ne sont que des larves, conscients et parfois fiers de leur infériorité grotesque. Il les méprise, il méprise leur insuffisance, leur mortalité, leur engeance. Infiniment misanthrope, ses obscures névroses l’incitent à désirer leur souffrance et leur avilissement.

Il ne porte aucune importance aux liens sentimentaux et affectueux, ses deux siècles de déliquescence ont perverti ce qu’il pouvait subsister de son humanité. Pour les objets, comme pour les gens, il se soucie seulement de leur utilité. Si rien ne vous prédestine à une activité utile pour le Duc, il vous balayera comme une poussière sur sa manche. Il n’accorde aucun intérêt aux choses futiles. Il le fera savoir avec cynisme, le cas échéant.

Si on lui posait la question concernant sa plus grande qualité et son plus grand défaut, il répondrait certainement que sa plus grande qualité, c’est lui-même, et son plus grand défaut, c’est les autres. Plus qu’égocentrique, car il ne se soucie pas réellement de l’image qu’il renvoie aux autres.
Hautement envieux, jaloux et possessif, même s’il ne l’avouera pas. Ses actes dépassent parfois ses pensées, même s’il a déjà beaucoup, il ne sera jamais pleinement satisfait de sa condition. Il cherchera toujours à avoir plus, à être plus.

Caractère obsessionnel à tendance maniaque, il aime avoir le contrôle sur toute chose. Il n’apprécie pas que l’on bouleverse, intentionnellement ou non, son quotidien. Il cherche à avoir toujours une longueur d’avance sur les autres, afin d’analyser la situation, garder son calme et réagir avec tact. Par ailleurs, contrarié dans ses habitudes, il peut agir de manière très impulsive et agressive. Il canalise difficilement son degré de violence et de cruauté, lorsque la machine est lancée. Sa perversion et son attrait pour la douleur physique et mentale prennent le dessus sur ses apparences froides et réfléchies. On pourrait y voir une forme de bipolarité sous-jacente.  

Il faut bien trouver d’autres passe-temps, dans ce monde teinté d’ennui, il ne rejette pas l’art, sous toutes ses formes. Il se distrait par la poésie, la musique et la peinture, si tant est qu’elles soient assez sombres pour lui plaire. L’émotion ne l’emporte pas sur sa raison, son subconscient n’est en rien teinté de romantisme. Toutefois, il a su garder un esprit créatif et imaginatif qui lui fait apprécier les arts. De nature exigeante, il cherche à accomplir avec talent, tout ce qu’il entreprend.

Pouvoir

Son pouvoir est lié à la mort, il consiste à contrôler les Ombres, ces formes noires, vaporeuses et terrifiantes, peuplant le royaume de Haut-Levant. Il peut contrôler une Ombre, s'il détient l'objet de lien de celle-ci. Ou un morceau de cadavre, le cas échéant. Son pouvoir est limité toutefois, il ne peut contrôler qu'une seule ombre à la fois. Vu le potentiel destructeur de ces créatures, considérées comme l'une des espèces les plus meurtrières du territoire, c'est amplement suffisant pour semer la terreur. Pour les êtres surnaturels les plus faibles, ou encore mieux sur les humains, c'est un véritable carnage, tant la créature est redoutable.
Il a bien souvent expérimenté l’étendue de ce pouvoir par le passé. Au début, ne le contrôlant pas tout à fait, le résultat était peu satisfaisant. À ce jour, après plus de deux siècles d’entraînement, il maîtrise son don.

Histoire

Thibault grandit trop vite et de manière bancale, comme tous ces gamins qui n'ont pas de temps à perdre avec l'enfance, qui se retrouvent projetés trop vite dans une vie moche, inconfortable et impitoyable. En cela, comprenons qu'il est né tel quel, déjà sombre et dur de caractère, avec une âme atroce et aigrie, avant même d'être arraché au sein de sa mère. Comme si son âme avait oublié d’être nettoyée,  avant d’atterrir dans ce corps fragile de nouveau-né, braillard et fripé. Après tout, cela expliquerait certainement de nombreuses choses... Et notamment, pourquoi il a toujours eu une méfiance proche de la haine, soutenue par du mépris, à l'égard de ses pairs.
Dès le plus jeune âge, il se retrouve confronté au mal et la violence, qui bouillonnent dans le cœur des hommes, ce cœur si corruptible.  Ce qui ne l'a pas pour autant empêché d'en faire en effet les frais ensuite, parfois même de manière assez frappante.

Enfin, toujours est-il que son enfance, et toute sa jeunesse encore, ne furent pas des plus simples. Sans être non plus catastrophiques, exemptes d'incroyables mélodrames. Toutefois ses parents, de riches marchands, donnant dans la joaillerie, étaient tous deux bien occupés. Il fut mis de côté, par eux, par la vie, par la force des choses. S’en suivit un isolement émotionnel et intellectuel, un repli dans les caves obscures du ressentiment... Rien que de très banal, après tout. La vie de beaucoup de gamins de l’époque. Seulement, quand on sait aussi mal que lui apprécier la compagnie des gens, il est difficile en effet de se faire des amis, ou même rien que des connaissances, donc de s'intégrer où que ce soit, ou jamais très longtemps. Et quand on n'a pas d'amis, il est d'autant plus difficile d'apprécier de vivre en général, et surtout de grandir sainement.

Il grandit alors dans cette indifférence, peuplée d’humiliation, de solitude accablante, d’un manque cruel de tendresse et d’attention. Ce sentiment d'abandon, comme une impression indélébile et angoissante, d'être transparent, inutile, accroché à du vide dans un espace noir et glacé. Et de disparaître lentement, de jour en jour, sans personne pour s'intéresser à son sort, en attendant d'y rester.

Pourtant, un autre gosse de commerçant vint troubler ce sentiment, cette attente de l’au-delà. Il était un peu plus âgé que lui, ce qui lui conférait une certaine autorité sur Thibault. Lui s’appelait Wolfram. Ses parents avaient un commerce peu anodin, ils étaient croque-morts. Le jeune Havrelame trouvait cela étrangement fascinant. Ils n’étaient pas réellement amis, ou peut-être que si. Il n’en avait jamais eu, alors il ne pouvait pas l’affirmer. Mais ce qui était sûr, c’est qu’il le suivait à peu près partout, là où le plus grand avait le malheur de l’entraîner. C’est ainsi qu’il découvrit les cadavres pour la première fois, entreposés là, en attendant leur sépulture. Il était bien jeune pour contempler un tel spectacle, mais cela avait quelque chose de si horriblement captivant.

Les années passèrent et les deux prirent des chemins différents. La vie étant ainsi faite.
Pourtant, qui aurait cru qu’ils allaient se retrouver après ce jour funèbre, où un être démoniaque était apparu dans les campagnes, signant le début d’une guerre étonnement longue et dévastatrice.
Thibault n’en vit que le début, dans sa condition mortelle. Après quatre années seulement, son corps céda sur le champ de bataille, il gisait là, à moitié vidé de son sang. Lorsqu’une de ces créatures se pencha sur lui. Il était sonné, une large entaille lui ouvrant le ventre. Il entendait cette voix, mais ne comprenait pas ce qu’elle lui disait. Il voyait, de manière floue, ce visage lui semblant familier, mais n’arrivait pas à mettre un nom dessus. Il avait l’odeur du sang, lui chatouillant les narines, mélangée à celle des tripes et de la boue. L’odeur de la mort. Il savait qu’il ne ferait pas long feu, qu’il allait crever ici, comme une pléthore d’autres soldats. Il aurait tant voulu meilleure condition, il aspirait à plus grand, beaucoup plus grand.

Le destin abattit alors sa dernière carte, cet ami d’enfance, ce Wolfram. Il accomplit sa transformation vampirique. L’épisode fut trouble dans sa mémoire, semi-conscient. Pourtant, il lui sembla non pas être ramené à la vie, mais de naître réellement pour la première fois. Comme une foutue prédisposition. Si certains transformés maudissaient leur nouvelle condition, lui, il s’en donnait à cœur joie. Le massacre n’était pas inné dans le cœur des hommes, néanmoins poussé dans sa folie meurtrière, son passage n’en fut que plus dévastateur. Il participa de manière bien plus sanglante, aux batailles subséquentes.

Suite à la guerre, il s’installa avec son nouveau parent, dans le château de Roncecoeur. Une aile lui étant dédiée, qu’il aménagera au fil du temps et de ses envies. La relation qu’il entretenait avec Wolfram était cordiale, il le respectait pour le rang qu’il occupait. Bien sûr, il demeurait reconnaissant pour sa nouvelle nature. Bien que sa fascination pour la mort et son sentiment d’isolement n’avaient pas disparu. Au contraire, ils étaient exacerbés.