Physique

Plutôt fine et élancée, la silhouette délicate et peu musculeuse, Lys est assez grande par rapport à la moyenne des femmes de son rang social. Le teint extrêmement pâle, elle dégage un grand manque de confiance en elle, qui se ressent dans tous ses mouvements, au quotidien. Il lui arrive fréquemment de trembler, de bégayer parfois lorsqu’elle est déstabilisée, ce qui lui arrive fréquemment. Elle a l’habitude de baisser la tête devant tout un chacun, présentant du respect à tous, mais plus encore devant les vampires, devant lesquels elle a l’habitude de se prosterner.
Bien que son visage soit très fin, allongé, et que ses traits fussent presque comme sculptés sur une peau jeune et douce, ses yeux aveugles sont un défaut irrémédiable qui gâtent toute sa physionomie. Lorsqu’elle n’a pas les yeux bandés, ses pupilles sans vie vous fixe souvent de travers, ou à côté, dans le vide. Bien qu’aveugle, sa maladie n’a pas altérée la coloration de ses prunelles, qui ont cependant tendance à partir n’importe où de manière désynchronisée et étrange, dérangeante. Ainsi, il n’est pas rare qu’elle louche, particulièrement lorsqu’elle est angoissée.
Suite à la rougeole, à laquelle Lys a survécu lorsqu’elle était enfant, la jeune fille en conserve des petits cratères au niveau du cou et des bras, à l’endroit où elle a fini par se gratter.      

Psychée

Lys a toujours été une esclave plutôt préservée par la vie. Bien qu’elle ne soit pas très innocente, elle reste toujours pure, intouchée, et, bien que connaissant parfaitement sa place d’humble esclave, sait se montrer rieuse, taquine et primesautière. Jamais caustique, elle adore les ragots et en savoir plus sur autrui, et se montre toujours douce et attentionnée devant le malheur. Très fragile depuis qu’elle est devenue aveugle, elle a les émotions à fleur de peau, et se montre facilement bouleversée par les changements dans ses habitudes, par ce qui se passe autour d’elle. Ainsi, elle se montre très routinière et déteste devoir improviser. Par-dessus-tout, Lys adore la musique, et bien qu’illettrée, elle aime apprendre de nouveaux morceaux et de nouvelles chansons.
Insomniaque, elle a le sommeil déréglé par les habitudes de son ancien maitre, et peine énormément à s’endormir, tandis qu’elle dort désormais de manière fragmentée. Elle est donc souvent fatiguée et pique parfois du nez au milieu de sa « journée ».
Peu sûre d’elle, elle a grand besoin de l’approbation d’autrui – en particulier de son maitre, mais également de son entourage – et sera capable du meilleur, comme du pire, pour pouvoir l’obtenir. C’est une jeune fille qui a besoin de calme, de paix pour s’épanouir, car malgré son côté posé, c’est encore une enfant sur bien des aspects…  

Pouvoir

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Histoire

Ce fut dans la douleur et les larmes que Cerise, l’une des plus jolies prostituées d’un établissement de plaisir situé dans les quartiers riches de Carmin, accoucha enfin. Cette grossesse avait été catastrophique pour sa rentabilité, et elle avait tout fait pour précipiter la délivrance qui arrivait enfin. Après neuf heures de travail, l’esclave était épuisée et malade ; et c’est ainsi qu’elle mourut deux jours après d’une fièvre puerpérale, oubliant même, dans sa haine pour le bébé, de lui donner un nom.

Ce fut une des amies de sa mère qui lui donna son propre nom, avant d’être vendue, à peine sevrée, à un Iona de passage, qui, s’intéressant au développement du corps humain, trouva amusant cette petite chose calme, aux yeux bleus, qui regardait le monde avec l’infinie curiosité des tout-petits.
Reléguée dans l’habitation des esclaves, la fillette s’habitua vite à ce nouvel environnement. Bientôt, elle passa tout le jour à trotter dans l’arrière-cour de l’agréable manoir du seigneur vampire, courant après les poules et les moutons dans son ardeur enfantine. Vive et gaie, elle chantait des chansons que les autres servantes lui enseignaient, avec déjà, une jolie voix harmonieuse dont elle usait à tue-tête. A tel point qu’à sept ans, une intendante vint la chercher, alors qu’elle était occupée à nettoyer un couloir. Elle la conduisit au bureau du maitre, où Lys tenta une révérence maladroite.

Ce fut un entretien court, mais intense. Il la complimenta longuement sur ses boucles dorées, sur la pureté de son jeune visage, puis lui demanda de chanter pour lui, chaque matin, au moment de s’endormir. Comment refuser ? Pouvait-on seulement refuser quelque chose à son maitre ? Elle fut rapidement reconduite dehors, et, le matin venu, prestement apprêtée pour un rituel qui allait durer pendant des années. Vêtue d’une robe neuve, un ruban dans ses cheveux, la petite fille chanta pour son maitre jusqu’à ce qu’il s’endorme. Et si combattre le sommeil était difficile au début, elle prit l’habitude de veiller très tard dans la matinée, et de se réveiller à des heures inhabituelles, alors que la nuit était déjà tombée depuis longtemps. La qualité de son propre endormissement en pâtit – mais elle était bien incapable de se plaindre.
D’ailleurs, la qualité de sa nourriture et de sa vie en général s’améliorèrent nettement. De servante sans nom, Lys devint une familière du seigneur Caldwin. Elle connut bientôt tout de sa vie, de ses maitresses et de ses habitudes ; et assez rapidement, l’enfant commença à s’occuper également de nettoyer sa chambre et de faire son lit.

La vie était plutôt douce, malgré des maux de tête fréquents. On lui enseigna la harpe, instrument auquel elle excella, et, un jour, alors qu’elle venait d’avoir quatorze ans, son maitre lui ordonna de jouer lors d’une réception. C’était un honneur insigne, et elle se prosterna avec enthousiasme devant lui pour lui prouver sa reconnaissance. On la vêtit d’une robe magnifique de soie rouge ; une servante mit des fleurs dans ses longs cheveux blonds, et elle s’installa dans un coin de la pièce, tremblante d’appréhension. A la lumière des chandelles, le vacarme était infernal – mais il fallait pourtant se concentrer, jouer et chanter de son mieux. Seulement la partition devant ses yeux sembla se troubler, les notes s’étirer devant ses yeux rétrécis ; et la jeune fille eut un instant de panique. Que se passait-il ? Sa migraine devenait atroce, lancinante, mais un regard de son maitre la dissuada de se lever et de quitter son poste. Toute la nuit, elle joua et chanta, mais Lys dut garder le lit trois jours après cette représentation. Ses yeux, trop fatigués, voyaient de moins en moins clair, et les maux de tête, de plus en plus intenses.
Mais Caldwin aimait bien cette enfant qui, même allongée, ne pouvait retenir des propos amusés – et presque insolents – sur ses amis et ses femmes. Aussi ne songea-t-il même pas à la revendre, et employa-t-il même un médecin, afin de savoir si on pouvait faire quelque chose… La réponse du praticien l’attrista. Ainsi, Lys était condamnée à devenir aveugle : du moins, le vampire se résolut à la garder avec lui. Après tout, avait-il besoin de ses yeux, si elle avait toujours l’usage de sa voix et de ses doigts ? Il était même plus simple que l’esclave fut illettrée : la jeune fille ne souffrirait pas de ne plus jamais pouvoir lire.

La jeune Lys devint aveugle l’année de ses seize ans.
En ouvrant les yeux, un soir, le noir restait total, et elle se mit à hurler de frayeur, en comprenant ce qui lui arrivait. Une servante vint aussitôt prévenir le maitre, qui accourut, et l’autorisa à rester dans sa propre chambre, sur le tapis, le temps qu’elle parvienne à s’habituer à sa nouvelle condition.
L’année qui suivit fut difficile pour la jeune esclave. Elle dut apprendre à faire confiance à ses autres sens pour jouer, pour se déplacer, mais aussi pour identifier chaque personne, à l’aide du son de leur pas. Elle perdit presque toute confiance en elle, et ne sortait presque plus, effrayée à l’idée de se perdre irrémédiablement. Son maitre, toujours si doux, contribua à la rassurer – ce qui ne rendit malheureusement pas ces apprentissages moins difficiles.

Et la vie continua, douce, routinière et sécurisante ; cependant, à sa dix-huitième année, Lys ne put s’empêcher de remarquer un changement de comportement de la part de son maitre. Il s’absentait durant des jours, revenait ivre, parfois drogué, dans un état second. Il la frappa même plusieurs fois, vendit plusieurs esclaves. Sans jamais répondre à ses questions, Caldwin devint plus sec, plus irritable. Plus nerveux.

Et vint enfin ce soir, où le manoir sembla s’animer comme auparavant.
On lui fit faire une nouvelle robe blanche, magnifique de broderies et de perles. Une extravagance que la jeune fille ne comprit guère ; mais elle s’abstint de poser de nouvelles questions. On lui déposa même, sur ses yeux morts, un bandeau assorti à sa robe. Et au signal donné par une servante, elle se prosterna devant le Duc, l’invité le plus important de la soirée. Elle ne connaissait guère que son titre, mais quelle importance cela avait-il finalement ?

L’esclave ignorait encore que, cette nuit-là, elle serait offerte audit noble vampire. Et que toute sa vie en serait changée, à jamais.