Physique

Les cheveux longs et blonds cendrés, à la limite du blanc à présent, surtout sous la lumière de Tyweel. Plutôt long et fin, j'ai tendance à les laisser vivre leur vie, même si je m'amuse parfois à les décorer de quelques bagues de bois. On me le reproche d'ailleurs souvent finalement, silencieusement ou non, après tout je suis sensée être Duchesse et fille de Mihall de Newind, je devrais sans doute me montrer quelque peu plus élégante. Mais, j'ai une certaine aversion pour l'élégance qui tends, pour moi, davantage vers de l'orgueil. Enfin peu importe. Mesurant un mètre soixante treize pour une bonne soixantaine de kilos et une allure athlétique, l'activité de chasseuse me permettant évidemment de l'entretenir. Ma peau est pâle, ça n'étonnera personne, plus qu'avant évidemment, elle mets ainsi en lumière la clarté de mon regard d'un bleu presque cristallin à ce jour.

Quelques ombres au tableau cependant, étant donné que sur mon visage trône de fines cicatrices, vestige de mon passé d'humaine au derme fragile et altérable. Au dessus de l'arcade droite, sous l’œil gauche et une plus petite au dessus de la lèvre. Rien de méchant évidemment, il m'arrive cependant de les contempler avec une certaine mélancolie, je dois bien l'admettre.

Depuis plusieurs années, j'arbore avec fierté mon apparence intermédiaire le plus régulièrement possible. Dans le détail, mes oreilles sont un peu plus pointues et pour le moins discret, deux paires de cornes sombres prennent racine sur le haut de mon crâne. En ce qui concerne mon style vestimentaire, je vais au plus pratique, à savoir un cuir léger, sanglés de toutes part, le ventre libre parce que c'est plus agréable et avec beaucoup de quoi ranger mes armes. Le plus souvent ce sont des dagues ou des couteaux de lancer, Rien d'extraordinaire en soit.

Psychée

On peut dire que je n'ai pas un caractère facile. Je n'ai d'estime que pour moi-même, bon peut-être un peu pour Mihall, mais c'est relativement tout. Très indépendante, je supporte très mal que l'on me dicte ma conduite, d'autant plus que quasi personne n'a à le faire selon moi. Mihall, encore une fois, reste une exception. J'ai eu l'audace une fois d’essayé de lui tenir tête et malgré le manque de cicatrice, je le sens encore dans mes chairs. Cependant, en aucun cas je ne fais quoi que ce soit avec plaisir contre mon gré ou mon envie. C'est une chose qui se voit clairement, même si je lui cache à lui le plus possible.

Malgré ma position de Duchesse et les responsabilités qui m'incombent, je les effectues avec une désinvolture propre à ma personne. Je l'ai accomplis oui, j'y réponds, mais avec un manque d'enthousiasme criant et palpable.

Fière, je ne me laisse pas marcher sur les pieds et je ne rechigne pas à remettre à sa place quiconque aura eu l'audace de me défier ou de porter atteinte à mon calme. Ce qui en soit n'est pas quelque chose de difficile. D'autant plus par le fait que je suis habituellement sous forme intermédiaire, de fait, mes instincts sont vifs et bien peu dissimulés. En réalité, il est question de bien plus qu'un simple manque d'entrain. Les humains me répugnent, la plupart des vampires m’indiffèrent. Il m'est donc difficile d'entretenir la moindre relation positive, pour peu que j'en ai eu une seule durant ma longue vie.

Cependant, l'ancienne me rattrape souvent malgré moi. La mélancolie, celle de ma vie passé. Bien que je n'ai quasiment rien à lui envier à ce jour, il y a cependant quelque chose de primordial qui me manque : ma mortalité. Sans elle, tout est devenu insipide, même les choses les plus malsaines ou négatives. J'ai essayé par de nombreuses fois de retrouver quelque chose de semblable. Par la douleur, par le sexe comme tout à chacun, mais rien n'y fait et cela fait bien longtemps que j'ai perdu tout espoir de retrouver quoi que ce soit de semblable.

Pouvoir

Née du clan Newind, mon animal totem est l'antilope. Ce qui, en soit, peut paraître assez paradoxal étant donné qu'il s'agit d'une proie et que mon activité principale reste la chasse. Pourtant, les aptitudes que cela m'octroie sont des plus utiles.

Ma forme animale est gracile, agile et ciselée, rapide et bondissante. Mon pelage est cependant assez clair, comparativement à mes congénères qui ne sont, malheureusement pas très présents à Haut-Levant, ainsi que des yeux clairs et perçants. Il y a cependant une subtilité importante quant à ma forme animale, je dispose effectivement d'une sorte de double paire de cornes. Elles prennent cependant racines au même endroit, c'est en cela qu'on peut dire qu'elles ne sont qu'au nombre de deux.

J'ai fais cependant le choix de prendre pour forme habituelle mon intermédiaire, pour profiter des aptitudes de l'antilope même sous un aspect conventionnel. Ce qui ne m'était pas tout à fait possible au départ, mais avec les longues années que m'incombent la condition d'intemporelle, c'est maintenant une chose plutôt aisée..

Histoire

C'est un temps lointain et brumeux, emprunt d'une douleur sourde et pourtant indéniablement présente. Sans parler de transformation ou de naissance, c'est pourtant ce souvenir qui détient la clé d'un changement clé dans mon existence. J'étais humaine, il y a bien longtemps, et c'était dans un village certainement modeste voir pauvre dans lequel j'avais grandis, je ne me souviens plus très bien à vrai dire. Je n'avais plus de parent biologique, j'avais du les perdre assez jeune car même en fouillant dans mon crâne des nuits entières, je n'ai jamais réussis à ne serait-ce que me dessiner les contours flous de leur visage. Rien, une ombre tout au plus, une silhouette dans mes meilleurs jours. Un couple s'occupait alors de moi, sans vraiment d'amour, plutôt parce que je leur était utile sans doute. J'étais plutôt doué de mes mains, rapidement j'avais pris mes marques dans le travail de la viande et du respect de son intégrité. En voyant faire la barbarie et le peu de minutie des autres, j'avais su être à contre courant et faire les choses presque à la perfection. De même, j'avais fini par commencer à chasser, alors que j'entrais à peine dans l'adolescence. Là aussi j'avais su prendre mes marques et être plutôt douée. Cela était sans doute dû au fait que je n'avais quasiment aucune distraction. Par vraiment d'amour reçu, de fait presque incapable d'en donner, que ce soit de ma « famille » ou du reste du village, c'était presque même le contraire. Pourtant je n'étais pas si laide, ni même méchante, je ne parlais quasiment à personne. Alors pourquoi m'avait-on mise à l'écart de la sorte ?

J'aurais pu vivre éternellement avec ce sentiment de vide, mais le destin en avait décidé autrement. Cela remonte à loin, le jour où notre village fut attaquer par ces monstres assoiffés de sang que sont les vampires. Les cris, l'hémoglobine, la détresse des autres qui ne m'atteignait en aucune manière. Par contre, je m'étais rendu compte à ce moment là que je tenais, contre toute attente, à ma propre vie. Ce qui visiblement n'était pas le cas de tout le monde. Quand le tour d'être mis face à leur mort vint à ma « famille », quelque chose d’inouï se déroula. Un grand et imposant vampire nous faisait face, ses yeux étaient injectés de sang et je m'attendais à ce qu'il nous massacre en un instant. J'étais immobile et muette quand mes « parents » n'arrêtaient pas de crier des mots incompréhensibles et gesticulaient comme des insectes pour essayer de se retrancher on ne sait où. C'est alors qu'une force violente, presque douloureuse, me poussa vers l'avant, me forçant à ployer devant le vampire. Impossible. Je les entendais crier derrière moi « prenez là et laissez nous ». Pardon ? Vraiment ? Leur voix m'avaient glacé le sang. Ce n'était même pas blessant, simplement décevant à un point inimaginable. Sentant alors la Mort me caresser, je grondais avant de me redresser et de lui faire face, n'ayant aucune intention de ne pas la regarder en face avant de lui succomber.

Elle ne me prit pas cependant, pire que cela, elle me proposa, à l'image d'une arme tendue, d'être celle qui prendrait la vie de ces impudents humains qui s'étaient fait passé, toutes ces années, pour des simulacres de parents merdiques. Cette proposition en échange d'un avenir potentiel, en avais-je seulement envie ? Tout ce que je savais, c'était que je ne voulais pas mourir, alors soit. Leur regard terrifiés à mon approche n'avaient jamais eu leur pareil, même à ce jour. Pas d'amour reçu, pas de regret ressentis. Ça avait même été trop simple. Un acte horrible pour certain, de survis me concernant et cela avait porté ses fruits puisque l'instant d'après, le vampire m'emmena avec lui ainsi que d'autres humains à la fin de la bataille pour devenir les esclaves de leur espèce. Néanmoins, je n'étais pas traité comme tous, mieux que les autres même, ce qui était assez rare pour le souligner. Je compris rapidement alors les enjeux de cette position privilégiée. Le Vampire en question, qui répondait au glorieux titre de Héritier et Prince, Mihall de Newind avait eu, même intimement, un intérêt pour moi. Il avait fallu faire face à la mort et me retrouver à servir des monstres brutaux et violents pour que l'on me porte de l'intérêt. Putain d'ironie.

J'avais pourtant décidé de m'en montrer digne, par le simple fait qu'il y avait à la clé une récompense que je convoitais depuis des lustres : ne plus être comme tout ces idiots d'humains, ceux qui m'avaient rejetés, ceux qui ne m'avaient jamais aimé. Je ne voulais plus être comme eux et ça, le Prince pouvait me l'offrir si je m'en montrait digne. Alors j'allais m'y atteler, sans retenue, avec détermination et investissement. Comme pour les humains, j'offrais mes talents de chasseuse et préparais leur viande. Animal en tout cas, puisqu'en tant qu'humain, nous étions aussi d'une certaine manière de la viande. Seulement, si je consentais à nourrir mon Prince quand il le désirait, je n'en éprouvais aucun plaisir, contrairement à ces autres qui voulaient le faire croire. Et puis quelque chose d'autre m'avait interpellé, les vampires s'adonnaient régulièrement au plaisir charnel entre eux, mais aussi avec les humains. Moi, je n'en éprouvais pas l'envie, pas avec eux ni avec personne. On me l'avais demandé évidemment et j'y avais consentis, même si c'était en de très rares occasions. Pourtant, j'étais tout à fait incapable de montrer ce que je ne ressentais pas. Si je croyais au départ que cela avait déçu mon Prince et que cela m'avait ainsi valu de m'éloigner de ses « plaisirs », le temps me révéla qu'il en était tout autre. Ils étaient devenus de plus en plus rare évidemment, jusqu'à même devenir inexistants. Il m'avait offert de survivre, m'avait montré de l'intérêt et prenait en compte mes désirs ? Étonnante créature que ce Prince. Ce qui lui valu une petite mise à jour concernant mon opinion à son propos.

Les années passèrent alors, ma place au milieu des chasseurs s'amplifiait et prenait de l'importance quand à côté de cela, je m'étais découvert un talent bien différent, celui de m'occuper du bétail que nous étions, nous, humains. En réalité, ce qui m'avait motivé dans cette tâche était la naissance des enfants. Je me sentais lié, d'une manière ou d'une autre à eux et ne voulais en aucun cas qu'on leur retire leur survie, malgré les conditions dans lesquelles ils risquaient de vivre. Alors à chaque naissance dans le groupe d'humain dans lequel je cohabitais, j'étais là et faisais mon possible pour qu'ils voient le jour et cela marchait, presque toujours. J'effectuais cette tâche sans qu'on me la demande et je l'accomplissais, malgré mon application, avec un détachement presque dérangeant. On me remerciait sans trop savoir comment et moi je m'en fichais, je me cachais seulement derrière le fait que cela me vaudrait certainement plus d'estime de la part de mon Prince et Maître et qu'un jour, je pourrais enfin m'extirper de cette condition immonde. J'espérais de même pour tout ces enfants finalement.

C'est ce qui se passa, j'avais suscité assez d'intérêt pour qu'il décide de faire de moi l'une de leurs. J'avais accepté sans retenue et malgré la douleur, je voyais là une lumière au bout du tunnel. Jamais je ne m'étais trompé autant que ce jour là. Le temps se faisait horriblement long et si cela m'avait permis de parfaire mes capacités, il n'y avait rien de plus détestable que le temps. Malgré mes tentatives, rien ne le faisait passer plus rapidement. La chasse, dans laquelle j’excellais maintenant, le sexe, que j'avais délaissé rapidement par manque cruel d'intérêt, mes responsabilités grandissantes que j'accomplissais malgré tout, rien de tout cela n'était suffisant. Bien que ces humains m'en demandaient énormément, superviser leur élevage m'en prenait beaucoup, de temps. Mais il passait lentement, trop lentement. Je ressentais parfois quelques espoirs, quelques envies que je nourris rapidement, sans doute trop pour les apprécier suffisamment. Un peu comme ce petit hobbies de sculpture sur bois, de rares moments calmes et sans les tumultes de mon esprit. De fait, j'essaye de m'éloigner un maximum d'Aubeclat, quand je le peux. Parcourant les terres sous forme animale, je m'adonne souvent à ce genre de promenade solitaire. Un bol d'air frais qui est devenu « vital » pour moi. Ou plutôt, pour ma santé mentale...