Physique

Vöros est une grande femme d'un mètre quatre-vingt, ce qui aide grandement à son allure élancée et athlétique, autant qu'à alimenter ses facultés d'intimidation sur la race humaine. Quand un esclave ose lever la tête jusqu'à son visage, il croise alors son regard, entre le vert et le jaune, clair, incisif, d'une neutralité inquiétante et indéchiffrable. Le Manteau Pourpre est passé maître dans l'art de poser les yeux sur autrui comme une aveugle, laissant le malaise s'insinuer dans ses subalternes sans broncher et ses supérieurs se questionner sur ses pensées et intentions. Peut-être que ce comportement fut motivé par cette blessure qui sillonne son œil droit, vestiges de ses années mortelles. Ou l'inverse. Difficile à dire, elle parle peu. Sa démarche est bien plus explicite pour les observateurs : franche, déterminée, martiale, implacable. Les personnes ressentent que lorsqu'elle daigne bouger, c'est avec la ferme intention d'atteindre son but, slalomant entre les espaces avec agilité ou s'ouvrant le passage sans agressivité mais avec fermeté. Sa chevelure noisette est laissée négligemment à l'air libre, cascadant jusque au bas de son dos, épaisse fourrure diffusant un parfum rappelant les bois d'Aubéclat.

Psychée

Ce dont son entourage et ses contemporains sont sûrs à son sujet, c'est qu'elle est loyal et légaliste. Elle connaît, approuve et applique les règles sans broncher, avec le tranchant de l'impartialité. Il n'est nul besoin d'argumenter ou de se chercher des circonstances atténuantes avec elle. Si une personne transgresse, elle est coupable, fin du procès. Si Vörös doit donner la sentence, elle le fera dans la mesure de ses moyens et du possible, appréciant le principe de mesure. Cette neutralité et cette volonté d'équilibre lui viennent sans doute de son éducation dans les forêts du clan Newind. Au plus proche de la nature, elle en apprit les rythmes, les règles et les cycles. La société n'est pour elle qu'un écosystème de plus qui s'ajoute à ceux du monde de la faune et de la flore. Et comme dans la nature, elle a conscience de l'existence de hiérarchies. Bien qu'elle soit reconnaissante de son statut de vampire, une partie d'elle a encore du mal à ne pas se voir comme autre chose qu'une servante. Dans une société de vampires marquée par l'ambition et le sentiment de supériorité raciale, la femme reste discrète et satisfaite de sa position, ne trouvant de sens à sa vie que dans la continuité de l'exercice de sa tâche : celle de gardienne et garante de l'ordre établi de son espèce. Qu'elle soit en bas de l'échelle n'a que peu d'importance puisqu'elle est à sa place. Beaucoup y voient certainement une faiblesse, voire la méprisent. Peu lui importe. Sa retenue perpétuelle peut également lasser son entourage, donnant l'impression qu'elle est absente à tout ressenti mais il témoigne surtout d'un caractère profondément introverti et presque tourné vers la contemplation par moment. Cela entretient son côté froid et impassible, parfois mal vécu même si non exprimé, nourrissant un côté morose voir désabusé. Cela doublé à son légalisme, explique son laconisme et le fait qu'elle ne parle que si elle en éprouve le besoin ou l'urgence. Son véritable refuge quand elle n'est pas en patrouille, consiste à parcourir les bois, laissant tous ses sens s'imprégner de l'expérience de la nature.

Pouvoir

Familier : une chouette effraie.

Pouvoir du Clan Newind - Totem : Vörös a été touché par l'esprit du loup peu de temps après sa transformation. Certainement du fait de son tempérament et de ses valeurs. En effet, l'esprit totem du loup est lié à la famille, à la protection ainsi qu'à l’indépendance d’esprit. Ainsi, sa forme complète "animale" est celle d'une louve au pelage sombre. Elle évite soigneusement d'être dans un "entre-deux", prenant soit sa forme complète de louve soit celle de vampire, évitant de prendre la forme intermédiaire.

Apparence de louve:

Histoire

Vörös est née en 499, bien longtemps après les évènements de la Lune Noire où les vampires s'imposèrent comme le sommet de la chaîne alimentaire, C'est aussi bien loin derrière l'époque des transformations forcées pour les armées des Princes, ce qui minimisait, pour ne pas dire, rendait improbable la transformation de Vörös en vampire. Elle aurait pu rester simple humaine, elle n'envisageait pas d'être plus qu'une humaine. D'autant plus qu'elle vit le jour dans le territoire Newind où son espèce était bien traitée... oui... au même titre que les esturgeons ou toute autre espèce jugée comme noble au palais ! Les humains était un cheptel de bétail essentiel autant que de luxe. Cela en était un art dans la région d'Aubéclat. Une pratique d'élevage qui tenait comptes de plusieurs critères tels que l'ascendance, les caractéristiques physiques et mentales, les partenaires de reproduction potentiels, en passant par le parfum et l'arôme se dégageant du sang. Un humain pouvait s'imposer comme un grand cru avec un bon lignage, en suivant un régime alimentaire, en ayant un certain type d'activité, en vivant dans un environnement précis et en maintenant un rythme de vie spécifique.

Et la demoiselle dans tout cela ? Elle appartenait à une famille de pisteurs et de gardes forestiers vivants dans la forêt d'Aubéclat. C'était une existence plutôt confortable et sereine, du moins, est ce ainsi qu'elle le ressentait plus jeune. Avec le temps, une partie d'elle est devenue nostalgique de cette époque au plus près de la nature et de ses cycles immuables. Sa période d'enfant et d'adolescente humaine fut marquée par l'apprentissage et la compréhension de son milieu. Sa lignée servait le clan de plusieurs manières. En aidant à la régulation de la faune et à l'entretien de la flore des bois, les Farkas participaient à la valorisation du patrimoine forestier. Lors de ces tâches essentielles, ils pouvaient surveiller des choses bien plus importantes. Cela pouvait être le repérage des alphas ou d'autres espèces appréciées pour les grandes chasses seigneuriales, en passant par le renseignement sur les déplacements ainsi que les camps des brigands et des rebelles pour aider les Manteaux Pourpres. C'est dans ce contexte familial et régional que s'inscrit en elle cet amour et cette proximité avec la nature, autant que ce rôle de relai à la race dirigeante. C'était normal, c'était le but de leur vie. Loin des villes, au plus près des réalités pragmatiques du règne animal et végétal, on en oubliait la course à la popularité pour devenir Vampire. Dans sa famille, on avait accepté cette condition de serviteur autant que de nourriture. Cela faisait parti des lois de la nature, la frontière entre prédateur et proie avait toujours été mince et le resterait jusqu'à la fin des temps. Les humains appartenait au cycle comme tous les autres, alors autant accepter cela, l'existence n'en serait que plus simple et le bonheur une véritable possibilité.

Vörös était douée dans son domaine. Sa famille l'avait bien formée et son obéissance, autant que sa loyauté désintéressée, étaient tout autant apprécié. En tant que pisteuse et dès ses seize ans, elle participa à toutes les chasses seigneuriales en tant que rabatteuse. C'était certainement la période la plus heureuse de son existence. Elle parcourait les forêts à la recherche d'Alpha. Se faisant, elle pouvait contempler la nature, comprendre les bêtes en les observant et en vivant des semaines entières dans les bois. Même si elle n'avait pas les capacités extraordinaires d'un vampire, elle en avait étonné quelques uns par sa maîtrise à relever les pistes, déduire des itinéraires, se repérer dans l'espace, ou même simplement survivre dans la forêt plusieurs jours sans aide. C'est ainsi que quelques années plus tard, elle servit tout aussi assidument les escouades des Manteaux Pourpres dans leurs tâches. Traquant des humains soi-disant morts qui s'évaporaient dans la nature et ourdissant des tentatives de rébellion contre leurs seigneurs et maîtres. La jeune femme n'avait pas de pitié particulière pour ces personnes, n'y voyant que des imbéciles qui se battaient contre du vent. Servir les vampires étaient dans l'ordre des choses. Les humains avaient fait leur temps, ils avaient eu leur chance mais l'avaient méprisé. La seule chose qui lui venait à l'esprit quant à la situation de l'humanité se résumait ainsi "sélection naturelle".

Au seuil de la trentaine, Vörös finit par recevoir un collier noir. Comment ? En trouvant une plante rare qui permit de soigner le seigneur de son territoire. En effet, ses humains de prédilection avaient été empoisonnés par leur propre nourriture et vu qu'ils servaient eux même de plat aux vampires du château... cela provoqua une hécatombe dans les rangs de la noblesse locale et les répercussions sur l'ordre allaient être rapides si rien n'enrayait les pertes. Les guérisseurs qui s'occupaient des malades finirent par identifier le mal et son remède. Le souci étant que ce dernier était aussi rare que dur à trouver. L'humaine fut envoyé parmi d'autres serviteurs à la recherche de la plante salvatrice et elle fut la seule a revenir avec les précieuses pousses de la fleur tant prisée. En récompense, elle fut élevée au rang de favorite et continua de s'illustrer avec sa modestie habituelle autant que son absence de désir d'obtenir plus. C'est certainement cette combinaison qui en fit une candidate idéale pour son clan à la transformation. Elle fit partie du  millésime de l'année en 431.

Jeune vampire, ses instincts les plus basiques firent violemment surface les premiers mois. La soif la tiraillant et lui faisant perdre son calme habituel. Elle alla bien mieux lorsqu'elle maîtrisa son don totémique. Se transformer en louve, chasser, parcourir les forêts librement lui permirent d'apprivoiser sa nouvelle nature. Le couronnement de cette phase fut marquée par l'établissement de son lien avec son familier, une chouette effraie qu'elle nomma Hírnök. Elle lui apparut lors d'une nuit de pleine lune, alors qu'elle traquait un alpha bien particulier pour le rabattre pour l'une des chasses seigneuriales. L'oiseau de proie l'avertit d'un danger imminent et la guida vers sa proie. C'est suite à cette traque fructueuse qu'elle reçut la permission de son père vampire de rejoindre les rangs des Manteaux Pourpres. Années après années, elle apprit, assimila et maîtrisa l'art du combat à l'épée, ainsi que l'équitation et le tir à l'arc. Jusqu'à devenir un agent émérite et apprécié. D'autant plus que ses talents de pisteuses s'étaient considérablement accrus grâce à sa renaissance.

Les ans s'écoulèrent... dix... quinze... vingt ans... l'enthousiasme et les découvertes des débuts passèrent, laissant place à la perspective d'une éternité. Une lassitude pointa en elle, son visage se ferma de plus en plus alors qu'elle partageait son temps entre devoirs liés à la Pourpre et libertés prises en courant les bois sous forme de louve.